Algérie - Ornithologie

Planète - "Ils n'ont plus nulle part où aller": l'expansion humaine va-t-elle sonner le glas des rapaces d'Afrique ?



Planète -


Aigles, busards, vautours: à cause de l'expansion humaine, la plupart des rapaces de la savane d'Afrique subsaharienne connaissent des effondrements de populations à grande échelle et ce, même dans les aires protégées, révèle une analyse publiée dans la revue Nature Ecology & Evolution.

Tantôt craints en raison de leur proximité avec la mort, tantôt admirés pour leurs capacités hors-normes – vue perçante, vitesse en vol, etc. –, les rapaces diurnes (aigles, faucons et buses, vautours…) ou nocturnes (chouettes et hiboux) ne laissent personne indifférent.

Pourtant, leur déclin se poursuit. Inexorablement. Une équipe internationale a évalué les tendances d'abondances pour 42 espèces de rapaces diurnes de la savane d'Afrique subsaharienne sur les 40 dernières années.

D'après leurs résultats publiés dans la revue Nature Ecology & Evolution (4 janvier 2024), près de neuf sur dix (88 %) ont décliné. Et pas qu'un peu!

- En Afrique de l'ouest, les rapaces trépassent

Qu'ils soient prédateurs ou charognards, plus des deux-tiers (69 %) de ces oiseaux de proie ont connu des baisses de population dont l'amplitude les faisait entrer dans la catégorie des espèces menacées d'extinction selon les critères de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

L'étude précise que les déclins sont plus marqués en Afrique de l'ouest (Burkina Faso, Niger et Mali) qu'ailleurs sur le sous-continent (nord-Cameroun, Kenya et nord-Botswana).

Les aires protégées, qui représentent aujourd'hui 14 % du territoire, sont également concernées – bien que l'effondrement des rapaces y soit globalement deux fois moins marqué qu'à l'extérieur. Ces zones où l'activité humaine est réglementée n'offrent donc à ces animaux qu'un sursis tout relatif.

⋙ Dans les premières villes d'Europe, les hommes préhistoriques étaient presque exclusivement… végétariens (A lire sur site ci-dessous)

- Perte d'habitat naturel

"Nous avons constaté que 40 % de ces 42 espèces étaient en déclin à l'intérieur des aires protégées à des taux qui les classeraient dans la catégorie des espèces en danger", confie au Guardian le Dr Phil Shaw de l'université de St Andrews (Royaume-Uni), l'un des deux auteurs principaux de l'étude. 'En fait, elles n'ont plus nulle part où aller'.

La perte d'habitat naturel est pointée comme principale cause de ces déclins, avec la raréfaction des proies et la persécution (tir, piégeage et empoisonnement volontaire) – autrement dit, l'expansion humaine est à l'œuvre.

"L'Afrique subsaharienne a perdu près de 5 millions d'hectares de forêt et de végétation naturelle non forestière par an au cours de la seule période 1975-2000, et connaît aujourd'hui le taux de dégradation des sols le plus élevé au monde", détaille l'étude.

⋙ La montée des eaux autour de la mer Méditerranée serait trois fois pire que prévu (A lire sur site ci-dessous)

- Un retour de bâton sur l'humain?

Or, notre espèce pourrait bien se voir infliger un sévère retour de bâton. Les chercheurs en veulent pour preuve le triste exemple de l'Inde, lorsque, dans les années 1990, les vautours sont morts d'empoisonnement en masse à cause d'un médicament utilisé dans les élevages. En l'absence de ces équarrisseurs naturels, la situation avait rapidement mal tourné…

"Cela a entraîné une augmentation du nombre de chiens sauvages, en particulier dans les zones bâties" et "a conduit à une augmentation considérable de la rage dans la population humaine, transmise par les morsures des chiens", rappelle le Dr Shaw à nos confrères britanniques.

Plus large que celui des vautours qu'il englobe, le groupe des rapaces revêt des rôles écologiques encore plus variés que le seul nettoyage des carcasses. Ainsi, "la disparition et l'épuisement des populations de prédateurs n'affectent pas seulement les espèces concernées, mais peuvent également déclencher des effets en cascade parmi les populations de proies, perturbant ainsi le fonctionnement de l'écosystème", prévient l'étude.



Pour accéder et lire les articles ci-dessus: https://www.geo.fr/environnement/ils-nont-plus-nulle-part-ou-aller-lexpansion-humaine-va-t-elle-sonner-le-glas-des-rapaces-dafrique-218257

NASTASIA MICHAELS


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)