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Planète - France: Présidentielle.Yannick Jadot: 'L'objectif c'est 10 %' pour EELV



Planète - France: Présidentielle.Yannick Jadot: 'L'objectif c'est 10 %' pour EELV




Défenseur d’une “écologie crédible” dans ses propositions et ses objectifs, le candidat d’EELV vise néanmoins un score à deux chiffres à la présidentielle.

Eva Joly avait réuni 2,31 % des suffrages au premier tour en 2012. Depuis, Europe-Écologie-Les Verts est passé à deux doigts de l'implosion et Nicolas Hulot a renoncé à porter la bannière écologiste à la présidentielle. Désigné candidat lors d'une primaire qui l'a vu éliminer la «patronne» Cécile Duflot, Yannick Jadot veut profiter de la prochaine présidentielle pour redorer le blason de l'écologie politique et acter la rupture avec les socialistes et le «quinquennat du renoncement» de François Hollande.

- La décision de la cour d’appel administrative de Nantes, lundi, validant les arrêtés préfectoraux à Notre-Dame-des-Landes signe-t-elle la fin du combat pour les anti-aéroports?

«Pas du tout. C’est même, d’une certaine façon, un verdict qui va renforcer la détermination contre ce projet. Puisque le rapporteur public avait clairement démontré l’illégalité du projet au regard des lois sur l’eau et les espèces protégées, et qu’elle avait tout aussi clairement démontré qu’il y avait quand même un biais terrible dans ce projet, qui était de n’avoir jamais travaillé à l’optimisation de l’aéroport Nantes Atlantique. Il s’agit plus d’un jugement politique que juridique puisque la cour d’appel a repris des arguments qui ont disparu depuis des années comme, par exemple, la capacité à assurer des vols internationaux du futur aéroport. L’opposition à ce projet ne se fait pas que sur une base juridique, mais aussi sur le bon sens. Le combat continue, la France est toujours en infraction au niveau européen.»

- En pleine Cop 22, l’élection de Donald Trump est également une mauvaise nouvelle pour les défenseurs de l’environnement…

«L’élection d’un climatosceptique est évidemment une mauvaise nouvelle à la fois pour les Américains et pour toute la planète. Mais, maintenant que les États-Unis risquent de se replier un peu sur eux-mêmes, l’enjeu est surtout pour l’Union européenne: c’est à elle de reprendre le leadership sur la question climatique. La révolution climatique est déjà en cours dans les sociétés mais il faut des États qui prennent des décisions. On le voit en France, où, il y a quelques jours, le chef de l’État, a annulé la promesse qu’il avait faite de fermer, à terme, les centrales à charbon en France.»

- Cette décision illustre-t-elle à vos yeux le rapport du gouvernement à l’écologie?

«Oui, c’est d’abord un quinquennat du renoncement: sur la taxe poids lourds, sur Fessenheim et les milliards d’euros qui sont investis dans le nucléaire plutôt que dans les énergies renouvelables, sur l’agriculture et notamment la réduction des pesticides… Il y a eu le succès incontestable de la diplomatie française sur l’accord de Paris à la Cop 21. La lutte contre le dérèglement climatique a besoin de la diplomatie, mais ce n’est pas que ça. C’est aussi de l’action: changer le modèle énergétique, le modèle des transports, le modèle agricole.»

- Vous oubliez la loi sur la transition énergétique…

«Malheureusement, non. Cette loi a des objectifs intéressants mais ce qui est important c'est ce qu'on en fait. Quand vous regardez la programmation pluriannuelle des investissements qui a été publiée fin octobre, il n'y a rien d'opérationnel sur le nucléaire. L'engagement de François Hollande de réduire à 50 % la part du nucléaire d'ici 2025 devait se traduire par une planification de la fermeture de 20 à 25 réacteurs. Il n'y a aucune fermeture qui est planifiée. Donc cela veut dire que tout ça va rester lettre morte.»

- Votre candidature acte-t-elle la rupture avec les socialistes, amorcée avec le départ des ministres d'EELV du gouvernement il y a deux ans puis le «débauchage» de plusieurs cadres de votre parti?

«François Hollande a aussi été élu grâce aux voix des écologistes. On avait passé un accord prévoyant divers points, comme la loi sur la transition énergétique. Il est évident que si l'accord avait été tenu, nous serions toujours au gouvernement. Si le programme de François Hollande avait été tenu sur beaucoup de sujets, le président de la République, le chef du gouvernement et les socialistes ne seraient pas dans l'état où ils se trouvent aujourd'hui. Quand je vois un parti des Républicains qui devient clairement anti-écolo, un gouvernement et un PS d'accord sur le nucléaire, le diesel, les pesticides… la réalité démontre qu'il n'y a pas d'écologie sans les écologistes.»

- Dans Un président ne devrait pas dire ça, François Hollande explicite sa stratégie d'affaiblissement d'EELV. A-t-il réussi?

«Que François Hollande ait eu la volonté d'affaiblir les écologistes, c'est une évidence. Après, je ne reporte pas sur d'autres notre propre responsabilité dans la dégradation de l'image qu'a eue notre mouvement ces dernières années. C'est aussi notre responsabilité d'avoir parfois privilégié la tactique plutôt que l'écologie, et d'avoir donné ce spectacle pathétique des ambitions personnelles. François Hollande n'a pas forcé Jean-Vincent Placé à être opportuniste, il a su faire tout seul. C'est peut-être aussi pour ça que j'ai gagné cette primaire : pour ouvrir une page de l'écologie qui soit crédible en faisant la démonstration que nos solutions sont à la fois bonnes pour la planète mais aussi pour transformer la vie quotidienne des Français et des Françaises. L'écologie, c'est la création de l'emploi, la relocalisation de l'économie, la revitalisation de la démocratie.»

- C'est l'objectif de votre campagne?

«L’objectif, c’est de réconcilier les Français et les Françaises avec l’écologie politique. A droite, on assiste aux règlements de comptes du sarkozysme, et, à gauche, aux règlements de compte du hollandisme. Je pense que cela ne résout pas les problèmes des Français.»

- Et en termes de score?

«Pendant la primaire, j'ai dit qu'il fallait être réaliste en disant que le prochain président ne serait pas écologiste. Si je veux être crédible dans mes propositions, il faut que je sois crédible sur la trajectoire. Personne, y compris chez les écologistes, ne pense que, dans six mois, ce pays va élire un président de la République écologiste. En revanche, je veux tracer un chemin. Nicolas Hulot, quand il était potentiellement candidat, était testé à 10 % et plus. Personne ne le remplacera. Mais 10 % et plus, c'est l'objectif que je me fixe.»


Photo: Yannick Jadot: «L'écologie, c'est la création d'emplois.» - (Archives NR, Patrick Lavaud)

Propos recueillis par Julien Proult

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