Planète (Europe) - Pesticides: Depuis l’interdiction des néonicotinoïdes, la population d’oiseaux s’est remplumée en France

IMPACT • Une étude, l’une des premières du genre, portant sur 57 espèces d’oiseaux, en France, sur la période 2013-2022, montre une corrélation entre la disparition de ces volatiles et la présence de pesticides sur le territoire

Les néonicotinoïdes n’auront pas la peau des oiseaux. Enfin, pas tout de suite. Portant sur l’étude de 57 espèces sur plus de 1.900 parcelles, en France, une étude publiée le 15 novembre dernier, dans le journal Environmental Pollution, confirme l’impact néfaste de l’imidaclopride, pesticide tueur d’abeilles de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis 2018, sur les oiseaux insectivores.

L’équipe de chercheurs français et allemands qui a travaillé sur ces données indique qu’avant la mise en place de cette interdiction, la différence entre le nombre d’oiseaux présents dans les zones les plus traitées et celles qui l’étaient le moins, voire pas du tout, était de 12,7 %. Un différentiel qui est passé à 9 % après la proscription du néonicotinoïde.

- «L’interdiction d’un pesticide ne suffit pas»

Toutefois, l’un des auteurs de l’étude, Thomas Perrot, a souhaité temporiser ces résultats. Dans un post publié sur le réseau social Bluesky, il a précisé que cette «légère reprise» restait «loin d’un rétablissement complet de la population». «L’interdiction d’un pesticide ne suffit pas: la restauration des habitats et la reconstitution des écosystèmes sont essentielles pour favoriser le rétablissement des populations d’insectes», a-t-il également écrit.

Ces chiffres restent tout de même encourageants au vu de ceux des populations d’oiseaux en Europe, ces dernières années, et de la menace d’extinction de certaines espèces.

Une étude conjointe du Centre national pour la recherche scientifique (CNRS) et de l’Université de Montpellier, publiée en mai 2023, pointait du doigt la disparition, en Europe, de près de 800 millions d’oiseaux depuis 1980, soit 20 millions chaque année. Les effets d’une «intensification de l’agriculture», avec «l’augmentation de la quantité d’engrais et de pesticides utilisée par hectare», avait-elle exposé.

Photo: Le rouge-gorge fait partie de la famille des oiseaux insectivores dûrement impactée par l'utilisation de néonicotinoïdes, ces dernières années, en France. - Sebastien Salom-Gomis/SIPA

E.Pe.