Planète - Déchets: Jean Bouteille remet la consigne au goût du jour

Un entrepreneur d’à peine 30 ans a lancé dans la métropole lilloise un système permettant d’embouteiller soi-même des liquides en vrac (huile, vinaigre, vin) chez les commerçants et avec des bouteilles en verre consignées. Cette machine sera développée dans le Nord avant d'être implantée partout en France. Baptisé Jean Bouteille, le projet de Gérard Bellet a été le coup de coeur des 1ers Trophées de l’économie circulaire.

Pouvoir consommer des produits liquides sans générer de déchets: on a tellement l’habitude d’acheter des bouteilles et de les jeter quand elles sont vides, même en la triant, qu’un tel projet pourrait paraître assez irréaliste... C’est pourtant ce que propose, dans l'agglomération lilloise, une jeune société de gestion des déchets, R Cube Nord, dirigée par Gérard Bellet.

Pour atteindre son objectif, Gérard Bellet, un anglo-américain d’à peine 30 ans, a tout simplement adapté le bon vieux système de la consigne des années 60 à la consommation d’aujourd’hui. Son système équipe depuis février le magasin “Saveurs et saisons” du réseau coopératif Biocoop à Villeneuve-d’Ascq.

Gérard Bellet compte “s’implanter rapidement dans les magasins alimentaires, les caves à vin, les épiceries et même sur les marchés de la métropole lilloise”, avant de se lancer au plan national.

Préparé depuis environ 18 mois et baptisée Jean Bouteille, le système consiste à installer des embouteilleuses libre-service dans les magasins alimentaires pour leur permettre de “vendre de l’huile, du vinaigre et du vin en vrac, de manière propre, sécurisée et facile d’utilisation pour le client”. Les bouteilles sont donc en verre et consignées (1 euro). Le client rapporte la bouteille après usage pour la déconsigner et reprend une bouteille propre à chaque achat.

Lavage et stérilisation des bouteilles en circuit court

Concrètement, cela fonctionne de la manière suivante: l’embouteilleuse, qui dispose d’autant de fontaines qu’il y a de produits, s’occupe de choisir le flacon adapté au liquide choisi. Le client détermine la quantité voulue et encapsule ensuite la bouteille avec un bouchon mécanique en porcelaine, autre clin d’oeil au passé. Enfin, la machine livre une étiquette traçant le produit: type et marque, informations réglementaires, numéro de lot et d’embouteilleuse, adresse du magasin, date limite de consommation, etc.

Ce système nécessite bien sûr de laver et de stériliser les bouteilles. L’idée de la marque Jean Bouteille est de procéder en circuit court, c’est-à-dire de créer sur chaque territoire concerné, une petite unité de lavage située à moins de 25 kilomètres des points de vente.

“Le processus de lavage des bouteilles est assuré par des équipements professionnels semi-automatiques qui fonctionnent avec des produits 100% biodégradables, sans composé d’origine pétrolière. La stérilisation, quant à elle, est réalisée par électro-activation de l’eau, une solution d’acide hypochloreux stérilisante ultra efficace, et 100% biodégradable”, assurent les responsables.

Au final, le procédé conserve certes un coût carbone mais il crée des emplois et son impact est à comparer à celui (fabrication, transport, destruction...) des déchets d’emballage que l’on produit quotidiennement et qui représentent actuellement “plus de 30% du poids et 50% du volumes de nos poubelles”, comme le rappelle avec malice Jean Bouteille.

Outre le Biocoop Saveurs et Saisons de Villeneuve d’Ascq, le projet de Gérard Bellet est soutenu par la Région Nord-Pas-de-Calais et la communauté urbaine lilloise.

Des investisseurs sociaux du réseau de financement CIGALES sont entrés au capital de Jean Bouteille qui vient par ailleurs de recevoir la “mention coup-de-cœur du Jury” de la 1ère édition des Trophées de l’économie circulaire. Ces Trophées ont été remis à l’occasion du Forum CICLE de l’économie circulaire, qui s’est tenu début juillet à Bordeaux.

Le site de Jean Bouteille