Algérie - ACTUALITES

Planète (Climat) - Les plus démunis paient le prix fort du dérèglement climatique



Planète (Climat) -  Les plus démunis paient le prix fort du dérèglement climatique


Chaleurs extrêmes, cyclones, inondations... Les événements climatiques extrêmes de 2023 ont davantage affecté les plus précaires et les peuples autochtones, analyse un rapport d’Amnesty International.

À travers le monde, le droit des peuples à vivre dans un environnement sain régresse, et les populations marginalisées se retrouvent en première ligne. C’est ce qui ressort de la dernière édition du rapport annuel d’Amnesty International sur la situation des droits humains dans le monde, publiée le 24 avril.

Cette épaisse analyse recense les atteintes aux droits humains au cours de l’année passée dans 155 pays. Concoctée grâce au travail des chercheurs d’Amnesty International disséminés à travers la planète, elle se penche notamment sur les effets du dérèglement climatique, les conséquences des grands projets polluants, ainsi que la répression des activistes écologistes.

- Les plus précaires en première ligne

Premier constat: en 2023 — l’année la plus chaude depuis au moins 100. 000 ans —, les événements climatiques extrêmes se sont multipliés. «Et ce sont ceux qui ont le moins contribué au dérèglement climatique qui en ont payé le prix fort», observe Carine Thibaut, directrice de la section belge francophone d’Amnesty International. Les habitants des pays du Sud ont globalement été davantage affectés par les cyclones, les inondations et les vagues de chaleur, note-t-elle. À l’échelle nationale, les personnes précaires, âgées et racisées ont également souffert «plus fortement» des événements climatiques extrêmes.

Le cas de la population rohingya, au Myanmar, illustre bien cette vulnérabilité spécifique. En mai 2023, le pays d’Asie du Sud-Est a été terrassé par le cyclone Mocha, la tempête la plus violente enregistrée depuis plus d’une décennie dans la région. Le nombre «considérable» de victimes au sein de la population rohingya s’explique «en grande partie par les conditions effroyables dans lesquelles ces personnes vivaient depuis leur déplacement forcé, en 2012», déplore Amnesty International dans son rapport. Des dizaines de milliers d’entre eux étaient cloîtrés depuis plus de dix ans dans des camps «déplorables». Les autorités militaires se sont par ailleurs opposées à ce qu’une aide humanitaire leur soit apportée suite au passage du cyclone.

Autre exemple: le Pakistan, qui a été frappé l’année dernière par des vagues de chaleur record. La santé de sa population — qui a très faiblement contribué aux émissions historiques de gaz à effet de serre mondiales — a été mise à mal par ces canicules, retracent les chercheurs d’Amnesty International. Coups de chaleur, fatigue, fièvre, difficultés respiratoires… Les personnes pauvres ou travaillant dans le secteur informel ont été «particulièrement touchées» par ces symptômes, note le rapport. Les plans de gestion des vagues de chaleur du gouvernement n’incluant «aucune protection sociale solide», beaucoup n’ont pas été en mesure de suivre les recommandations sanitaires, comme la réduction du temps de travail.

- «Risquer de perdre la vie»

Les autochtones figurent également parmi ceux ayant le plus souffert, en 2023, de la catastrophe écologique. Au Canada, l’anéantissement par le feu de 18,4 millions d’hectares de forêt les a affectés de manière disproportionnée. Plusieurs communautés autochtones — dont celle de Fort Chipewyan, en Alberta, et celle de Uashat mak Mani-utenam, au Québec — ont été forcées à l’exil par ces incendies rendus sept fois plus probables par le réchauffement climatique.

Les peuples premiers ont par ailleurs été davantage touchés par les conséquences des grands projets extractivistes que le reste de la population. Le rapport évoque une multitude de cas, des États-Unis à l’Argentine en passant par le Paraguay, la Bolivie, le Mexique ou encore le Pérou. En Équateur, notamment, un décret exécutif adopté en mai 2023 a autorisé les entreprises minières à démarrer leurs activités sans obtenir au préalable le consentement des peuples premiers.

«Pour les défenseurs de l’environnement, l’année 2023 a été extrêmement difficile»

Au Canada, la construction du gazoduc de Coastal GasLink s’est poursuivie «en l’absence du consentement préalable, libre et éclairé» des chefs héréditaires des Wet’suwet’en, un peuple autochtone vivant dans l’actuelle province de Colombie-Britannique. La gendarmerie et des compagnies de sécurité privées se sont livrées à des «actes de harcèlement et d’intimidation» à l’égard des défenseurs de ces terres, et plusieurs d’entre eux ont dû comparaître en justice.

«Pour les défenseurs de l’environnement, l’année 2023 a été extrêmement difficile, constate Carine Thibaut. Dans beaucoup d’endroits du monde, se battre pour un environnement sain, c’est risquer de perdre la vie.» En Amérique latine, notamment, «être un défenseur de l’environnement est un engagement à haut risque», regrette-t-elle.

Les États européens ont eux aussi «durci», en 2023, leur réponse aux activistes écologistes. Carine Thibaut évoque en exemple le projet de dissolution des Soulèvements de la Terre, ou encore les poursuites engagées, en Belgique, contre quatorze activistes qui avaient organisé en avril 2023 une action pacifiste contre le gaz naturel liquéfié. «On est dans un climat d’intimidation, ce qui réduit la capacité de se rassembler, de manifester, de protester», déplore-t-elle. Et tandis que ces droits régressent, la température, elle, continue de s’envoler.





Photo: Une rue inondée après d'intenses pluies à Lahore, au Pakistan, le 5 juillet 2023. - © AFP / Arif Ali

Par Hortense Chauvin





Nous avons eu tort.

Quand nous avons créé Reporterre en 2013, nous pensions que la question écologique manquait de couverture médiatique.

Nous nous disions qu’il suffirait que la population et les décideurs politiques soient informés, que les journaux et télévisions s’emparent du sujet, pour que les choses bougent.

Nous savons aujourd’hui que nous avions tort.

En France et dans le monde, l’écrasante majorité des médias est désormais aux mains des ultra-riches.

Les rapports du GIEC sont commentés entre deux publicités pour des SUV.

Des climatosceptiques sont au pouvoir dans de nombreuses démocraties.

Nous savons aujourd’hui que l’urgence écologique n’a pas besoin de presse: elle a besoin d’une presse indépendante de toute pression économique.

Chez Reporterre, nous faisons le choix depuis 11 ans d’un journalisme en accès libre et sans publicité.

Notre structure à but non lucratif, sans actionnaire ni propriétaire milliardaire, nous permet d’enquêter librement. Personne ne modifie ce que nous publions.

Mais ce travail a un coût.

Celui des salaires de nos 26 journalistes et salariés.

Celui des reportages menés sur le terrain, au plus près des luttes.

Celui des centaines de milliers de lettres d’info envoyées chaque semaine pour vous informer.

En 2023, 39.257 donateurs ont soutenu Reporterre : ces dons représentent 98% de nos revenus.

Du plus modeste au plus important, ils sont les garants d’un travail journalistique sérieux et indépendant, capable de faire avancer la cause écologique.

Quels que soient vos moyens, nous travaillons pour vous.

Ensemble, nous pouvons agir.

Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1 €. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)