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Planète - Climat: 7 pays d'Amérique latine s'engagent à restaurer 20 millions d'hectares de terres


Planète - Climat: 7 pays d'Amérique latine s'engagent à restaurer 20 millions d'hectares de terres




En marge des négociations sur le changement climatique qui se déroulent à Lima jusqu'au 12 décembre, sept pays latino-américains se sont engagés dimanche à restaurer 20 millions d'hectares de terres dégradées, soit l'équivalent de 10 % des sols du sous-continent rendus improductifs par le surpâturage et l'agriculture intensive.

« L'Amérique latine ne pourra pas réduire son empreinte climatique si elle n'enraye pas rapidement la dynamique qui la pousse à utiliser toujours plus de terres pour produire », explique Walter Vergara, du World Ressources Institute (WRI) à l'origine de cette initiative baptisée « 20x20 » car la restauration de ces 20 millions d'hectares devra commencer avant 2020.

La déforestation est responsable de la moitié des émissions de gaz à effet de serre de la région.

A des degrés divers, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l'Equateur, le Guatemala, le Mexique et le Pérou, signataires de l'accord, appuient d'ores et déjà des politiques de reforestation et de réhabilitation des terres.

En Equateur, pays où les droits de la nature sont reconnus par la constitution, le programme «socio bosque» rémunère les petits producteurs qui protègent la forêt ou améliorent l'état des sols grâce à de nouvelles pratiques.

Le Guatemala a recours à cette forme d'incitation financière dont l'objectif est aussi d'améliorer les revenus et la sécurité alimentaire des communautés rurales.

«UNE PREMIÈRE ÉTAPE»

Tous élaborent des politiques globales de lutte contre la déforestation dans le cadre du mécanisme REDD (réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation). Celui-ci dont les principes ont été arrêtés lors de la dernière conférence sur le climat en décembre dernier à Varsovie (Pologne), promet de rémunérer les pays qui parviennent à conserver leur couvert forestier.

Mais dans la majorité d'entre eux, ces efforts restent marginaux par rapport aux pressions exercées sur les espaces naturels par l'agro-business, les industries minières ou forestières.

«L'initiative 20x20 n'est qu'une première étape, convient Walter Vergara. Il faut restaurer toutes les terres dégradées et avoir un objectif zéro déforestation. Mais il est important que des pays prennent publiquement position en faveur de cette transformation. Nous serons là pour leur rappeler leurs promesses».

Le programme bénéficiera de l'appui de l'Union internationale de conservation de la nature (UICN) et d'importants instituts de recherche comme le Centre international pour l'agriculture tropicale (CIAT).

«C'est un long processus qui commence. Cinq, dix, quinze ans peuvent être nécessaires pour récupérer un écosystème. Nous devons aider les gouvernements à faire les bons choix et convaincre les propriétaires terriens grands ou petits que leurs revenus dépendent aussi à long terme de la protection de leur environnement», explique Elcio Guimaraes, directeur des recherches du CIAT.

Trois types de projets seront privilégiés: la reforestation à partir d'essences locales, l'agroforesterie et la réintroduction de modes d'élevage plus durables.

LE BRÉSIL, GRAND ABSENT

Si la restauration écologique demande du temps, elle coûte aussi beaucoup d'argent. WRI compte en partie sur des investisseurs privés pour venir en appui des gouvernements et des banques de développement.

Dimanche à Lima, cinq fonds d'investissement spécialisés dans les projets forestiers et agricoles durables ont annoncé qu'ils avaient réuni 365 millions de dollars à placer dans 20x20. Une somme encore loin des besoins qui se chiffrent plutôt en milliards.

«Il est d'important d'avoir l'appui des gouvernements pour soutenir ces projets, souligne Clément Chenost, gestionnaire du fonds Moringa qui prend des participations dans des exploitations d'agroforesterie et se rémunèrent sur la vente des matières premières comme le café et le cacao. Bien souvent, les communautés qui vivent sur les terres dégradées sont marginalisées et ne possèdent pas de titres de propriété. Nous ne pouvons pas prendre ce risque juridique sans la garantie des pouvoirs publics.»

Le Brésil fait, pour l'instant, figure de grand absent de cette initiative régionale.

* Photo: En marge des négociations sur le changement climatique qui se déroulent à Lima jusqu'au 12 décembre, sept pays latino-américains se sont engagés dimanche à restaurer 20 millions d'hectares de terres dégradées. | AP/Juan Karita

Laurence Caramel (Lima, envoyée spéciale)
Journaliste au Monde




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