En réintégrant des fleurs sauvages à leurs cultures, des agriculteurs du Midwest américain parviennent à limiter l’érosion des sols, la pollution et le déclin de la biodiversité.
Entre deux champs de maïs et de soja, dans le centre de l’Iowa, Lee Tesdell, agriculteur américain, a pris la décision de planter un corridor de plantes indigènes et de fleurs sauvages. Ces bandes sont appelées "prairie strips" (littéralement "bandes de prairie" en anglais). Si pour certains agriculteurs traditionnels, ces cultures peuvent ressembler à des friches inutiles, Tesdell, interrogé par The Guardian, voit quant à lui les choses autrement:
"Je veux rendre ma ferme plus résistante face au changement climatique."
L’idée de ces plantations de fleurs sauvages est née il y a deux décennies grâce à des chercheurs de l’université de l'État de l’Iowa et des gestionnaires de la réserve faunique de Neal Smith. Ces bandes de végétation, larges de 10 à 40 mètres, sont stratégiquement placées dans les champs, souvent dans des zones à faible rendement ou sujettes à un ruissellement important.
La réintroduction de certaines espèces de plantes apportent ainsi une multitude de bienfaits comme la réduction de l’érosion des sols jusqu’à 95 %, la limitation de la pollution, l'augmentation du stockage de carbone et la création d’habitats essentiels pour les pollinisateurs et les oiseaux des prairies.
- Une solution aux bénéfices environnementaux
Les "prairie strips" agissent comme des "ralentisseurs" naturels, explique Matt Helmers, directeur de l’Iowa Nutrient Research Center. Lors de fortes pluies, ces bandes ralentissent le ruissellement, favorisent l’infiltration de l’eau et consolident les sols grâce à leurs longues racines. Elles épurent également les eaux en captant les nitrates et le phosphore, réduisant ainsi la pollution des cours d’eau, un problème critique dans cette région agricole. Doug Doughty, agriculteur dans le Missouri, a lui aussi adopté cette pratique pour limiter l’impact des produits agricoles qu'il utilise sur l’environnement:
"Ces substances sont précieuses dans nos champs, mais deviennent nuisibles une fois dans les rivières et les nappes phréatiques."
Outre leur rôle dans la gestion de l’eau, ces bandes fleuries font office de refuge pour la faune. Des études montrent une densité d’oiseaux trois fois plus élevée dans les champs dotés de "prairie strips". De même, les populations de pollinisateurs, en déclin à l’échelle mondiale, y trouvent un habitat propice pour vivre. Amy Toth, chercheuse en entomologie, insiste auprès du Guardian:
"En leur offrant un lieu pour vivre et se nourrir, nous les aidons à mieux résister aux pressions environnementales croissantes."
- Les "prairie strips", une pratique officielle
Avec le soutien du programme de conservation du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), les "prairie strips" connaissent un essor depuis leur intégration officielle en tant que programme fédéral de réserve de conservation dans la loi agricole de 2018. Ce dispositif permet aux agriculteurs de bénéficier d’une aide financière pour couvrir 50% des coûts d’installation et recevoir une compensation annuelle par hectare.
Mais malgré leurs nombreux atouts, les "prairie strips" ne sont pas une solution miracle et permettent seulement de limiter les effets délétères de l'agriculture sur l'environnement.
CAMILLE MOREAU
Journaliste - coordinatrice éditoriale
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Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : CAMILLE MOREAU - Publié le 30/12/2024
Source : https://www.geo.fr/