Algérie - Revue de Presse

Phénomène de la remontée des eaux


El Oued sous la menace permanente Le faible raccordement au réseau d?assainissement a été à l?origine d?une propagation des eaux usées dans les nappes rendant leurs eaux impropres à la consommation. Plus de 22 milliards de dinars vont être entièrement consacrés à un mégaprojet pour mettre fin au problème récurrent et épineux de la remontée des eaux dans la wilaya d?El Oued. Une première tranche de 8 milliards de dinars sera débloquée pour le démarrage du projet. L?étude relative à ce phénomène qui a été confiée au bureau d?études suisse Bonnard et Gardel Consulting Engineers (BG) a été finalisée. L?appel d?offres national et international pour sélectionner l?entreprise qui sera chargée de mettre fin à ce problème qui empoisonne la vie des Soufis sera lancé dans les prochains jours, selon le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, qui était en visite dans cette wilaya. Le projet en question prévoit l?assainissement et la lutte contre la remontée de la nappe phréatique de la vallée du Souf. Il comprend la mise en place de 4 stations d?épuration des eaux usées, un réseau de drainage qui inclut 58 forages, un réseau d?assainissement et un collecteur transfert Nord-Sud, dont 16 stations de relevage. Le lancement des travaux se fera au plus tard en juin 2005. A priori, il semble que les pouvoirs publics soient déterminés à prendre le taureau par les cornes afin d?endiguer la remontée des eaux dans la vallée du Souf d?une manière définitive. Cette région, qui souffre depuis des décennies de ce fléau, va enfin voir le bout du tunnel dans environ cinq ans, peut-être même moins si l?on tient compte des déclarations de M. Sellal pour qui « il faut faire vite sinon la ville d?El Oued connaîtra à l?avenir des problèmes sérieux et dangereux. L?Office national de l?assainissement (ONA) sera chargé du suivi et de l?exploitation du projet après sa réalisation ». Devant le scepticisme affiché par les habitants d?El Oued à qui tant de promesses ont été faites sans être tenues, Abdelmalek Sellal a fait montre d?une détermination ferme pour juguler la remontée des eaux. Il faut dire que ce phénomène a bloqué l?essor économique et agricole de la région et a affecté de manière considérable la vie sociale des habitants de la capitale du Sud-Est algérien. La main de l?homme en violant un ordre écologique établi est pour beaucoup dans le déséquilibre qui a touché la région, selon des spécialistes. « La vallée d?El Oued est une cuvette. Avant, il y avait un équilibre, mais les forages sur les nappes de l?albien effectués d?une manière anarchique ces trente dernières années ont détérioré la situation. Des quantités d?eau supplémentaires ont été ramenées et comme il n?y a pas d?exutoire, le niveau de l?eau monte », a expliqué Ali Bekkouche, directeur de l?ONA. Abondant dans le même sens, Hacène Bekhouche, représentant du bureau d?études suisse BG, a indiqué que « le sous-sol d?El Oued compte trois nappes phréatiques en un seul endroit. Il y a donc une surconsommation et une sous-évacuation. Nous allons donc essayer d?évacuer l?eau vers d?autres périmètres, où elle sera utilisée pour l?agriculture après traitement ». Les ghots, une sorte de cuvettes que les agriculteurs creusaient pour que les palmiers soient irrigués, ont longuement contribué à la mise à mort des cultures. D?après le wali, Omar Hattab, près de 150 000 palmiers ont été asphyxiés par la remontée des eaux, notamment dans les ghots. Les citoyens de la ville donnent un chiffre beaucoup plus important et effrayant. Ainsi, selon eux, plus de 1,5 million de palmiers auraient été submergés et noyés par l?eau. Le taux de raccordement au réseau d?assainissement, qui ne dépasse guère les 23% actuellement contre 14% en 2000, a été à l?origine d?une propagation des eaux usées dans les nappes rendant leurs eaux impropres à la consommation et accentuant davantage la remontée des eaux d?autant plus que 53 000 fosses septiques ont été recensées dans la ville aux mille coupoles. Des actions ont été entreprises pour amortir les retombées de ce phénomène. Il en est ainsi du remblayage des ghots, dont le nombre dépasse les 600 à El Oued. Les autorités locales comptent transformer ces surfaces, une fois remblayées, en espaces verts ou de loisirs. Une opération de reboisement a été également initiée. Ainsi, environ 33 000 arbres ont été plantés. Les eucalyptus ont été privilégiés, selon le wali, car c?est un arbre qui absorbe environ 500 l d?eau, selon les spécialistes. Parallèlement, un programme est en cours de réalisation pour arriver à un taux de raccordement au réseau d?assainissement de 63% d?ici à juin 2005 en sus de la rénovation du réseau AEP, dont les fuites alimentent la nappe qui remonte. Les citoyens de la wilaya d?El Oued ne profitent nullement de cette abondance d?eau. Les Soufis achètent, en effet, l?eau à raison de 1,5 DA le litre chez des opérateurs privés. Ces derniers procèdent à la déminéralisation de l?eau et la revendent aux citoyens. La ville aux mille coupoles compte deux stations de déminéralisation privées. « L?eau dont la température atteint parfois les 63° Celsius refroidit et les sels minéraux qu?elle contient, et dont le taux dépasse de très loin les normes, se solidifient. Une étude sera lancée début décembre pour trouver la composante de cette eau. En attendant, 40 milliards de centimes ont été débloqués pour réparer les dégâts causés sur le réseau AEP par cette eau trop chargée. 40 km ont d?ores et déjà été réhabilités », fera savoir le wali d?El Oued, Omar Hattab.


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