Algérie - Revue de Presse

Peut-on économiser l'argent de la campagne ?


La campagne électorale sera ouverte dans quelques jours seulement.Personne n'en a plus besoin. Après deux mois de luttes meurtrières pour avoirla tête des listes, de transfuges insolents, d'enchères et d'émeutes interneset de pugilat sans règles, elle est devenue aussi inutile que la dernièreaugmentation des salaires ou que la journée de l'arbre dans un pays où même lesarbres courent vers la mer. Le pays peut s'en passer, en faire l'économie et secontenter d'arriver au 29 novembre sans artifices, vacarmes et mensonges. Lapetite vérité est que la guerre des listes a été si violente et si éhontée quel'électorat algérien peut aujourd'hui désigner du doigt les candidats qui sontdéjà élus et les autres qui ont déjà perdu, sans risque de se tromper presque.Il n'y a plus de suspens et donc plus de raison de rassembler les foules dans lessalles, d'imprimer des affiches ou de discourir sur des promesses. Est-cenormal ? Oui. En Algérie on n'a plus besoin, d'année en année, de convaincredes électeurs mais de convaincre l'Administration ou, souvent, ses propresadversaires alimentaires. Un candidat qui veut arriver vivant le 29 novembren'a pas besoin de faire campagne pendant la campagne, mais avant. Il n'a pas àsurvire au verdict des urnes mais à celui du traitement des dossiers decandidatures. Un candidat aujourd'hui casé au-delà de la sixième position dansune liste favorite ne mise pas sur les élections qui arrivent mais sur lesélections suivantes pour remonter dans le classement des têtes de son parti surla liste d'attente. Un maire ne pouvant rien d'autre que de se battre pour devenirmaire ou le rester, l'enjeu est donc ailleurs que dans les programmesdistinctifs ou les chantiers promis. Sans que personne ne s'en offusque saufpar angélisme ou débilité, l'Algérie se trouve déjà très loin de cette époquecahoteuse des enjeux idéologiques des années 90 où l'on discutait de projets desociété et de vision de gestion du sommet de l'Etat et jusqu'à dans son lit dechef de famille. A qui la faute ? Au Temps et au DEC. Le temps parce qu'ilamène à comprendre, use les innocences et force la lucidité et les DEC parceque c'est cette formule qui a tracé la voie de l'élection par l'Etat et pas parle peuple et qui a permis l'indépendance des candidats vis-à-vis de leursélecteurs. Ejectés du jeu, les Algériens ont donc compris ce qui en a suivi ets'en accommodent de plus en plus comme d'un voisinage inévitable entre eux etune manufacture polluante qui crée à la fois des déchets et de l'emploi, enplus du spectacle. Eux, tout autant que les candidats qui ont compris d'oùvient la nourriture, qui frappe, qui punit et qui peut faire voler les brebiscomme des F16. Dans quelques jours donc, il y aura bien sûr campagneélectorale, quelques affiches et quelques meeting, mais cela se fera presquecomme une corvée, juste pour le fun ou parce que c'est la règle, mais personnen'ira désormais plus loin que le minima du spectacle : pour certains, lesenveloppes ont déjà coûté plus qu'il n'en faut et pour d'autres, il vaut mieuxfaire court pour arriver vite en invitant le moins de monde possible. Car aufond, que reste-t-il à dire après ce qui se passe depuis deux mois ? Rien pasmême quelques mots sur la corruption, le terrorisme, Bouteflika ou le logementsocial. Certains pourront peut-être même décrocher de meilleurs tauxesthétiques s'ils gardent un silence moins insultant que leurs discours.
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