«Personne ne devrait être Président à vie»

Barack Obama considère la corruption comme l'autre grand mal qui ronge le continent.Le président américain Barack Obama, actuellement en tournée en Afrique de l'Est, a longuement critiqué les régimes autoritaires en Afrique. Dans un discours, hier, à la tribune de l'Union africaine à Addis-Abeba, il a estimé que «les dirigeants africains qui s'accrochent au pouvoir mettent en péril les progrès démocratiques sur le continent». «Les progrès démocratiques en Afrique sont en danger quand des dirigeants refusent de quitter le pouvoir à l'issue de leur mandat», a déclaré M. Obama, premier président américain à s'exprimer devant l'organisation panafricaine. «Personne ne devrait être Président à vie», a-t-il ajouté.La majorité des leaders africains a certainement dû se sentir visée par le discours du locataire de la Maison-Blanche. Ils sont encore nombreux à s'accrocher au pouvoir bien qu'ils y aient passé plusieurs décennies. «Comme tout le monde, les Africains méritent la dignité de pouvoir contrôler leur propre vie. Les ingrédients d'une vraie démocratie : élections libres et équitables ; liberté d'expression et de la presse ; liberté de réunion.Ces droits sont universels. Ils sont écrits dans les Constitutions africaines», a-t-il souligné. Le président américain oublie cependant de mentionner que certains dictateurs africains ne sont encore en place que grâce au soutien des Occidentaux. Barack Obama considère par ailleurs la corruption comme l'autre grand mal qui ronge le continent. Aussi a-t-il appelé l'Afrique à vaincre le «cancer de la corruption» et adhérer aux principes démocratiques, si elle veut assurer son développement. «Rien ne libérera plus le potentiel économique de l'Afrique que l'éradication du cancer de la corruption», a conseillé M. Obama. «La corruption existe partout dans le monde, mais en Afrique elle aspire des milliards de dollars des économies, de l'argent qui pourrait être utilisé pour créer des emplois, construire des hôpitaux et des écoles», a-t-il expliqué.Bien que très critique à l'égard de certains pays, le président Obama a reconnu néanmoins que l'Afrique avait accompli ces 20 dernières années des progrès dans de nombreux domaines. Eu égard à ces efforts, il a appelé le monde à changer «son regard sur l'Afrique», à voir les «progrès historiques» accomplis et abandonner les stéréotypes d'un continent englué dans la pauvreté et la guerre. «Alors que l'Afrique change, j'ai appelé le monde à changer son regard sur l'Afrique (...).Après un demi-siècle d'indépendance, il est plus que temps d'abandonner les vieux stéréotypes d'une Afrique enlisée pour toujours dans la pauvreté et les conflits», a déclaré M. Obama. «Le monde doit reconnaître les extraordinaires progrès de l'Afrique (...), une des régions du monde où la croissance est la plus rapide», a poursuivi le président américain. M. Obama a notamment souligné les «progrès historiques» de l'Afrique en matière de santé ? réduction de la prévalence du sida, baisse de la mortalité en couches ou infantile, décès dû au paludisme... ? et en matière de réduction de la pauvreté ou d'accès à l'école.«Dit plus simplement, de plus en plus d'hommes, de femmes et d'enfants d'Afrique vivent dans la dignité et l'espoir», a ajouté M. Obama, tout en avertissant que «ces progrès reposent sur des bases fragiles». Quid de l'avenir ' Pour le président américain, «la tâche la plus urgente pour l'Afrique aujourd'hui et pour les décennies à venir est de créer des opportunités» pour les jeunes générations. «Ce sera une entreprise considérable. L'Afrique va devoir créer des millions d'emplois supplémentaires», a-t-il expliqué, appelant également à partager les fruits de la croissance au-delà de «quelques-uns au sommet»...