Algérie

Perpétuation d’un genre autrement chaâbi



En 50 années de carrière, faites de succès et de distinctions multiples, cheikh El Hadj El Hachemi Guerouabi est cet artiste au sens plein du terme qui s’est continuellement abreuvé du fin fond de notre patrimoine lyrique.

Les illustres poètes des siècles passés, tels Sidi Lakhdar Benkhelouf, Mohamed Ibn Sayeb, Mohamed et Boumediène Bensahla, Sidi Kaddour El Alami, Abdelaziz El Meghraoui, Ben Ali Ould Erzine, Mohamed Ennedjar ... n’avaient aucun secret pour lui. Les modes et multiples mélodies du répertoire traditionnel sont vite mémorisés pour aller plus tard,avec sa voix singulière, envoûter un public de plus en plus large. S’identifiant, dès son jeune âge, au grand interprète cheikh El Hadj M’rizek (1912-1955), il a su tirer l’essentiel de cette source chatoyante pour voler de ses propres ailes au cours de la saison 1953-1954 au music-hall d’Alger, un concours consacré aux jeunes talents. Il caracole en tête du classement lorsque Mahieddine Bachtarzi (1897-1986) le remarque et lui propose d’intégrer la troupe artistique de l’Opéra d’Alger. Le premier enregistrement professionnel arrive en mars 1955, Belqak yesseguem saâdi en est le titre générique. Plusieurs autres produits vont suivre, appuyés, il est évident, de tournées artistiques et d’activités d’animations diverses. A l’indépendance, il est remarqué aux côtés du grand maître El Hadj M’hamed El Anka (1907-1978) s’illustrant dans une chorale qui a interprété le premier refrain chaâbi de l’indépendance nationale El Hamdoulillah ma b’qache istiâmar fi bladna. Cette période euphorique sur le plan artistique a donné naissance à plusieurs titres phares qui placeront définitivement El Hachemi Guerouabi au firmament de la célébrité : ce sont Kifache Hilti, Nechteki b’amri, Youm El Djemaâ kherdjou erryem et le mégasuccès El harrez. Son nom est désormais attaché à jamais à ces chansons que le public reprend avec lui. Vinrent les années 1970 et une rencontre salutaire avec Mahboub Safar Bati en 1969 qui lui écrit et compose El Barah. Alger vivait, cette année-là, au rythme du célèbre festival panafricain. El Hachemi Guerouabi prend un envol tout à fait différent à partir de cette expérience qu’il enrichit de S’bayet zoudj, Allo Allo, Chems El Barda, Nefsi ouana Moulaha, Djet echta ou djaou leryah ou encore N’seblek ya ômri. C’est une incursion savamment orchestrée en direction de la jeunesse que le duo Mahboub Bati-Guerouabi a initiée. Elle est couronnée d’un très large succès. Un vrai triomphe. On ne pouvait imaginer cette situation quelques années auparavant, le chaâbi venait de reconquérir une place importante au sein de la population algérienne. Faisant sienne l’action de rénovation du genre de musique chaâbi, cheikh El Hadj Hachemi Guerouabi saura donner la pleine dimension à cet art qui s’associe à son nom, comme le furent ses maîtres El Hadj M’hamed El Anka, El Hadj M’rizek et Mahieddine Bachtarzi. Eclectique dans sa démarche artistique, El Hadj El Hachemi Guerouabi a embrassé de nombreuses voies poétiques et musicales. Ce sont, entre autres, le panégyrique (Madih dini), le ghazel (amours courtois), le hawzi, le aroubi, le classique andalou genre sanaâ d’Alger, le moderne et le melhoun. Le succès du cheikh est dû incontestablement à son amabilité, à sa disponibilité, à son respect, à son public, à sa considération inconditionnelle pour ses maîtres, à sa passion pour l’art en général et pour le chaâbi en particulier, à la clarté de sa déclamation et à sa voix prestigieuse. Si nombre de cheikhs ont eu l’occasion de dispenser un enseignement musical approprié et direct à des élèves qui, à leur tour, le mettent en valeur, c’est le cas du genre ankaoui, institué par El Hadj M’hamed El Anka et celui aussi de cheikh Khalifa Belkacem. L’effet produit chez les émules d’El Hachemi Guerouabi est tout à fait différent. Ainsi, on retrouve aujourd’hui un nombre impressionnant de jeunes et moins jeunes qui suivent même à distance la lettre et l’esprit du cheikh. Nous sommes en présence d’un genre musical majeur suivi et adulé — El Hachmaoui — qui vient enrichir le patrimoine artistique algérien. Parmi ces émules les plus distingués, on peut citer, à titre simplement indicatif, les chanteurs suivants : Abderezak Guenif, Nasreddine Galiz, Sid Ali Leqam, Hamid Laïdaoui, Noureddine Alane, Mourad Djaâfri, Brahim Hadjadj, Sid Ahmed Bouadou, Karim Kacemi, etc.


 


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Bouroumana Abdelkader - fgfuy - Cuelma, Algérie

26/11/2010 - 8658

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