Algérie

Péril en la demeure



la Commission nationale pour l?amnistie générale (CNAG) figurait bien dans le gotha présidentiel chargé de préparer « psychologiquement » les foules au référendum prochain sur la question. C?est du moins ce que croyait le commun des mortels avant qu?il n?apprenne, sidéré, de la bouche même d?Ouyahia devant les sénateurs, qu?il y a de la magouille dans cette boîte et que la justice a été saisie sur des détournements de grosses sommes d?argent. Bigre. Voilà encore un feuilleton de l?Etat algérien blousé, assis sur un nuage au moment où ses administrés se font duper par des individus sans scrupules et s?envolent les dinars des contribuables. Exactement comme il l?a été, et pendant très longtemps, lors du règne Khalifa, cette caricature la plus grossière de la dépossession de l?Etat de ses deux attributs essentiels que sont la vigilance et le contrôle des affaires publiques. Car il a beau s?adresser des satisfecit sur sa gestion, le chef du gouvernement ne peut ignorer qu?il y a péril en la demeure : les institutions étatiques n?arrivent pas à s?adapter à l?évolution de la société, Rares furent les JT de 20h de la télévision publique qui ne lui avaient pas consacré de longues minutes et son sigle apparaissait dès que le mot amnistie était prononcé dans les forums officiels : notamment dans leurs rapports avec l?argent et avec la politique, ce qu?illustrent parfaitement les cas de la CNEG, d?El Khalifa Bank et bien d?autres exemples encore. Aujourd?hui, l?Etat algérien fonctionne, d?une manière générale, comme il y a vingt ou trente ans, presque comme au temps du « socialisme spécifique ». Un fonctionnaire de ces années-là ne serait nullement dépaysé dans les ministères et les organismes actuels. La raison est qu?on a totalement omis de réformer l?Etat, oubliant dans un tiroir le projet (dit Sbih) prêt en ce sens depuis belle lurette, lui-même sûrement dépassé tant les choses évoluent à grande vitesse. Inscrite dans le retard général pris par la mise en place des grandes réformes structurelles, cette omission de restructurer l?Etat est lourdement préjudiciable, car elle prive le pays de cet exemple que nous offrent divers pays développés : l?Etat est puissant sans être omnipotent et magnanime sans être faible ; l?Etat collabore avec le pouvoir politique, mais ne lui prête pas allégeance, sa seule ambition est d?accompagner avec force et intelligence les grandes évolutions modernistes de la société.



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