Algérie

Pauvreté en deçà, désert au-delà.




Le rite malékite qui a trouvé ses adeptes en Afrique du Nord s'appuie sur l'enseignement de l'Imam Mâlik ibn Anâs (mort à Médine en 795). Il préconise la recherche du consensus des savants et accorde une grande importance à la coutume et à l'utilité publique. Cependant il s’illustre par l’exemple selon lequel les otages musulmans pris par une armée ennemie peuvent être sacrifiés pour sauver la communauté. L’Algérie étant un pays constitutionnellement musulman, rituellement malékite, ne semble s’appuyer dans l’exercice du pouvoir sur aucun consensus des savants du fait qu’elle a contribué soit à les éloigner des sphères du consensus, soit à les pousser à fuir le pays. Entendons par savants à notre époque des élites intellectuelles capables de réfléchir à une vision lointaine, à un contrat social. Pas seulement des compétences techniques dans tel ou tel domaine de la technologie, ou religieuses, ressassant les mêmes discours vite oubliés dès la sortie des mosquées ou de la zaouïa ; mais plutôt des compétences capables de réflexion stratégique, de philosophie et de références telles que l’Islam malékite le préconise. Des compétences qui laissent des traces écrites loin de toute glorification des personnes. Une reflexion qui permette une plus grande visibilité de l’avenir, une coloration d’un quotidien en noir et blanc que nous sommes contraints de subir impuissants pour changer l’ordre des choses et leur échelle.  En existe-t-il encore ? A voir la misère intellectuelle aux allures folkloriques que prend la vie culturelle du pays, il y a de quoi s’inquiéter sérieusement. Combien de conférences ont été programmées dans une ville comme Oran pendant le mois de Ramadhan ? Pendant toute l’année ? Une ville qui compte deux grandes universités, un grand nombre d’enseignants et d’étudiants dans toutes les disciplines, des espaces culturels encore exploitables et pour certains remplissant toutes les conditions pour n’importe quelle rencontre de niveau international. Qu’en est-il des autres grandes villes, des villages, des douars et autres lieux non-dits ? Les évènements faisant débat ne manquent pas et sont d’intérêt commun. L’argent n’est plus un argument opposable à la stagnation voire à la régression dans une ville qui a rayonné sur l’ensemble du pays dans nombre de domaines des arts et des sciences sociales des années durant. L’argent ne doit pas être dépensé n’importe comment sous prétexte que nous en avons beaucoup. Pourtant au centre culturel français (CCF) et avec les mêmes compétences…Pourtant dans un espace privé, d’édition, le seul d’ailleurs à Oran et avec les mêmes compétences…Que dire alors d’une situation où les cafés sont devenus un lieu de rencontre privilégié pour un échange de plaintes, et de critiques d’un système qui vit justement de la plainte et qui s’en nourrit, s’en fortifie ? Le café maure enjolivé, maquillé, a tué l’initiative mais demeure un lieu où même les « savants » qui nous restent y trouvent refuge. Et nous n’avons retenu du malékisme que le sacrifice des otages sans armée ennemie. A moins que…

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