Tizi-Ouzou - Tassadit Yacine

Parution : Maillot-Imchedallen, essai de sociologie de Tassadit Yacine



Un essai de sociologie et d’histoire, authentiquement sourcé dans une monographie dressée en 1950 sur cette région tampon entre la basse et la haute Kabylie, par l’administrateur de la commune mixte de Maillot. L’anthropologue algérienne s’était employée sur 210 pages à réajuster, à travers le descriptif et les annales consignées par le fonctionnaire colonial, la dimension économique et civilisationnelle de ce qui a longtemps été «un centre d’échange intensément actif» avant que ne surviennent les enfumades, les dépossessions et les déportations perpétrées par les Français. C’était, on s’en rend compte à la lecture du document colonial, un lieu d’interconnexion sur le plan commercial et culturel entre les populations berbérophones et les arabophones montant du Titteri, lieu de passage des ulémas et terre à la fois de tribus ayant enfanté d’érudits religieux et de résistants nationalistes laïques. Une dimension qui subira le déclin après cette terrible cascade de représailles que le colonialisme a mis en branle pour faire payer l’affront osé par les populations indigènes, qui, avec biens et troupes, ont participé à l’insurrection de 1871. Et un démantèlement qu’achèvera le tribut payé par la Kabylie à l’occupant et qui s’éleva à 5 milliards de francs or, équivalent de l’indemnisation versée par la France à Bismarck après la guerre de 1870 avec l’Allemagne. En réalité, la région, qui, auparavant, avait imposé son autonomie face à la présence ottomane, ne connaîtra jamais de répit face au nouvel occupant. Une récurrence de révoltes et d’associations à toutes les insurrections. L’élan nationaliste lui coûtera cher. Alors que naguère prospère (une tribu, rien qu’une, comptait, à elle seule, un cheptel de près de 2000 têtes), elle ne connut désormais que souffrances et pauvreté. Voilà rendu par l’exploitation faite par Tassadit Yacine d’un document «d’archive», le volume de l’engagement des populations de Mechedellah dans la révolte et la construction nationale. Une dimension qui, pour l’auteur, «contraste» avec l’image qu’on se fait de la Kabylie de maintenant, «repliée sur elle-même». Ce qui explique présentement «une frustration» des populations pour ce qu’elles ont donné. A noter que le traitement du document exploité est corroboré un tant soit peu par l’interview d’un personnage ayant vécu les événements qui ont secoué la région durant les années cinquante.



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