Algérie - A la une


Parlez-vous kenova '
L'institut français de Constantine a accueilli, samedi dernier, le groupe jazz nomade, Mam Sika, en tournée en Algérie depuis le 11 décembre courant. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que de par sa singularité, cette formation parisienne, dirigée par la chanteuse Sika Gblondoumé, a réservé de belles surprises au public venu nombreux, tant au niveau de la maitrise artistique que dans la singularité musicale. Avec Mam Sika, le style musical est difficilement qualifiable mais assurément inventif. La formation, qui a vu le jour il y a dix ans, mélange plusieurs genres. On retrouve du blues, des rythmes africains, du jazz, et même une touche gnawi. Pour les textes, et à l'exception de « Les filles du vent », toutes les chansons sont un mélange de français, de béninois et de kenova, une langue inventée de toutes pièces par le groupe. A vrai dire, on n'y comprend rien, mais qu'importe, le public reste subjugué et stupéfait à l'écoute de chaque mot, chaque son, chaque souffle : « Je me focalise sur l'émotion, la sonorité et la poésie des mots, et non sur le sens. Les mots se collent parfaitement à la musique » nous a expliqué Sika Gblondoumé. Cette dernière est un sacré personnage, tout aussi atypique qu'attachant. Une subtilité et une justesse dans sa mise en scène très « voodoo », qui, en plus de sa belle voix, intrigue par ses pas de danse et sa gestuelle. Elle sort d'étranges objets, elle danse à la gloire des esclaves et sa grâce corporelle lui confère une sensualité débordante. Avant chaque chanson, elle commente ou raconte une petite histoire : « Le morceau Ari parle de la lune au moment où elle est rousse, au moment où on la regarde et on se sent à la fois triste, à la fois gai, dans l'entre-deux » lance-t-elle au public. La plupart des chansons interprétées sont tirées de leur premier album, Bascule, sorti en 2011. Des chansons qui racontent les femmes, la vie, les funérailles, le père ou la mythologie africaine. Le public a, également, pu apprécier l'interprétation des excellents musiciens qui accompagnent Sika. Le guitariste, oudiste et joueur de N'goni - instrument malien -, Thierry Fournel (qui joue aussi aux côtés de gaada Diwan Bechar), le violoncelliste Hugues Vincent et le percussionniste Cyril Blanc. La cohésion est parfaite, on sent une véritable maitrise, chacun des musiciens extériorise une formidable énergie et dans chaque solo il y a du délire, une excitation, voire de l'extase. Pendant que les percussions africaines ou cubaines résonnaient, Thierry Fournel se fend dans les racines africaines au commande du N'goni, ou encore quand le violoncelliste Hugues Vincent cherchait à créer une ambiance très rock'n'roll. Au final, Mam Sika a bien montré de la puissance et de l'efficacité sur scène, le public était ravi d'assister à une performance aussi survoltée. Le groupe, qui a beaucoup apprécié sa tournée en Algérie (Alger, Tlemcen, Constantine, Annaba et Oran), envisage de sortir son prochain album en 2016.




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