Algérie

Paris entend garder la main au Mali



En juillet, la force d'intervention militaire française au Mali passera le relais à celle onusienne dont le Conseil de sécurité a décidé le déploiement dans ce pays à partir de cette date. Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Dréan a eu raison de se féliciter du vote du Conseil de sécurité car il sort la France d'une situation que lui a créée son intervention militaire au Mali qui risquait de devenir humiliante pour son prestige de grande puissance, au cas où elle aurait été contrainte de maintenir au-delà de juillet, au Mali, l'ensemble du contingent militaire qu'elle y a envoyé dans le cadre de l'opération «Serval».
L'état de ses finances ne lui aurait pas en effet permis de dégager le budget nécessaire à la prolongation de la présence des quatre mille soldats qu'elle a projetée au Mali, à moins de rogner encore plus sur ceux des ministères autres que celui de la Défense, déjà sérieusement resserrés pour cause de crise financière et économique. Paris a poussé un «ouf» de soulagement au vote du Conseil de sécurité car elle va pouvoir rembarquer d'ici juillet le gros de son contingent, ce qui lui évitera l'hémorragie financière redoutée, sans craindre par ailleurs un retournement de situation au plan militaire au Mali qui remettrait en cause les résultats de l'opération «Serval».
Pour autant, Paris n'entend pas passer pleinement la main au Mali à l'ONU et à sa force de maintien de la paix. Elle maintiendra après juillet un contingent de mille soldats qui va être à l'évidence le fer de lance et la force de frappe de la force onusienne, rôle qui permettra à Paris d'avoir son mot à dire sur la conduite des opérations militaires au Mali et sur la définition de leurs objectifs à atteindre. Mais c'est au plan politique que la France entend rester au Mali en tant qu'acteur international «incontournable». En jouant sur le fait que son intervention a sauvé l'Etat malien de l'effondrement, la France a tracé aux autorités de transition de Bamako un agenda politique censé déboucher sur la refondation de l'Etat malien et de son système institutionnel. Sauf que cet agenda s'accompagne au regard de la situation au Mali d'un calendrier aux échéances trop précipitées qui font planer le doute et la suspicion sur les intentions françaises au Mali.
Après avoir longtemps défendu la thèse que la solution à la crise malienne était militaire avant d'être politique, Paris fait maintenant feu de tout bois en faveur de celle-ci allant jusqu'à faire injonction aux autorités maliennes de s'y atteler alors que les conditions de sa mise en 'uvre ne sont pas réunies à Bamako. L'élection à la hussarde d'un président de la République malienne en juillet ainsi que l'exige Paris à coup de semonces relevant de l'ingérence pure et simple, compliquera plus qu'elle résoudra la crise malienne. Pour être une contribution au redressement de l'Etat malien, cette élection doit impérativement se faire dans un climat consensuel sur son déroulement par toutes les forces politiques et sociales du pays du Nord comme du Sud. Ce consensus est franchement impossible à établir d'ici juillet.
La France n'y est pas pour rien dans cette situation. C'est elle, il faut s'en souvenir, qui a sabordé en sous-main les tentatives de faire dialoguer dès le début de la crise malienne les forces politiques et sociétales du pays sur la recherche d'une sortie de crise pacifique et négociée. Le sachant, il est normal que d'autres acteurs internationaux, régionaux et beaucoup au Mali même impliqués dans la crise de ce pays, se méfient et ont de la prévention à l'égard de l'agenda politique que la France est en train de vouloir imposer à Bamako. Autant dire que la crise malienne se prolongera inéluctablement après ce mois de juillet fixé avec beaucoup de morgue par Paris comme date butoir au changement au Mali.
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