Algérie - Espaces verts, plantations d'alignement

Parc urbain de Bardo à Constantine: Le wali a-t-il touché à la filière d’importation des plantes?



Parc urbain de Bardo à Constantine: Le wali a-t-il touché à la filière d’importation des plantes?




Le wali de Constantine, Hocine Ouadah, a ordonné au groupement algéro-italien, chargé de l’aménagement du parc urbain de Bardo, d’annuler toute opération d’importation de plantes et d’arbustes d’Espagne. Cette mesure a été décidée lors d’une récente sortie aux chantiers de l’évènement culturel de 2015.

Le wali qui était très en colère, a vivement réagi aux déclarations du représentant de ce groupement, qui soutenait avoir décidé de recourir à l’importation car «il n’y a pas de pépinières agréées ici», selon ses propos.

Pour rappel, 30 milliards de centimes ont été accordés pour l’aménagement de ce parc urbain, dont les travaux ont été lancés à la fin de l’année 2013.

Pourtant, selon un expert paysagiste que nous avons consulté, avec un budget raisonnable et des plantes locales, tels les frênes et les melias, on peut faire des merveilles.

Quelles sont donc les raisons qui poussent à dépenser une telle somme pour importer des plantes disponibles localement?

Notre interlocuteur précise qu’il y a un véritable enjeu financier dans cette opération, surtout que la somme accordée est si importante qu’elle attire vraiment des appétits voraces.

«Il y a un manque d’études élaborées, non seulement sur le climat de la wilaya, mais aussi sur les espèces végétales existantes à Constantine», ajoute-t-il.

Selon le même expert, les responsables sont en train de commettre la même erreur que lorsqu’ils ont opté pour la plantation des palmiers.

En effet, les palmiers plantés, il y a plusieurs mois, sur le tracé du tramway, ainsi que les plantes et la décoration réalisée au niveau du jet d’eau à Zouaghi, n’ont pas survécu.

Tout cela ne semble pas avoir servi de leçon pour les responsables locaux.

«Avant de parler d’intégration d’espèces végétales, il faut prendre en considération l’environnement et la période dans lesquels la plante peut survivre. En d’autres termes avant d’importer le végétal, qui est lui-même soumis à une adaptation, il faut lui préparer le terrain», explique notre interlocuteur.

Quel rôle pour la direction de l’environnement?

C’est le cas du Ficus retusa (un arbre qui sera planté dans le parc mentionné), dont le prélèvement a été fait durant la période coloniale.

«Des experts français ont fait une extension dans les grandes villes littorales. Dans ces villes le taux de l’humidité dépasse les 85%, même la température ne doit pas baisser durant deux mois en une année», précise-t-il.

D’après lui, cette espèce peut tolérer une température de -2° C au mois de janvier mais pas au mois de mars durant la poussée.

Toutefois l’on est en droit de se poser les questions suivantes: les experts désignés pour cette opération ont-ils pris en considération le climat à Constantine surtout au mois de mars? Ont-ils prévu la période marquée par le givre? Des questions techniques qui en appellent d’autres liées à la gestion de l’argent public. Qui est derrière la décision d’importer des plantes de l’étranger? Pourquoi gaspiller l’argent public pour acquérir en devises des arbres qu’on peut se procurer localement et en dinars?

Pourquoi a-t-on fait appel à ceux qui ont réalisé le projet des Sablettes à Alger, alors que le climat à Constantine est différent de celui d’Alger?

Mme Sellal, directrice de l’environnement de la wilaya, refuse de communiquer er répondre aux questions d’El Watan, alors qu’elle est la première responsable de ces projets.

Par ailleurs, notre interlocuteur estime que les espèces qui vont être plantées au Bardo, sont conçues pour une durée de trois ans.

«On dépense une somme exorbitante pour un grand parc et au bout de trois ans, nous devrions dépenser encore pour que le fournisseur fasse des regarnissages. Ce dernier assure seulement une année d’entretien en cas de dépérissement», conclut-il.

Yousra Salem



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