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Oued El Athmania: Détresse des ex-habitants de la Mechta El Khadraouia



Les habitants de la Mechta El Khadraouia, située à Oued El Athmania, dénoncent une grave machination qui a conduit à leur expulsion de terres qu'ils occupaient et exploitaient depuis des siècles.«Nous sommes victimes d'un abus qui a conduit à la spoliation de nos terres, la démolition de nos habitations et une expulsion que nous vivons comme un exil », nous dira le président de l'association « Mechta El Khadraouia », Diab Chawki. « On a été déracinée de nos terres », dira-t-il, lors d'un contact avec notre rédaction, sans réussir à contenir un soupir qui en dit long sur cette dramatique situation. Genèse de l'histoire : El Khadraouia, une mechta située à 15 kilomètres du chef-lieu de la commune de Oued El Athmania, qui s'étend sur plus de 1.400 hectares, avec près d'une centaine de familles qui y vivaient, « a été rasée de la carte dans un silence complice des autorités locales », ajoute notre interlocuteur. A l'époque coloniale, Bengana est entré en possession des terres de cette mechta, terres qu'il a exploitées jusqu'à l'indépendance, sans aucun conflit avec les familles qui occupaient et exploitaient depuis toujours des assiettes de terrain de cette même mechta, et le topo restera le même après l'indépendance, malgré le changement de main de la propriété, passée sous le nom de M. Hamama. Mais, les choses ont pris une tournure brutale après l'apparition au début de cette dernière décennie d'un nouveau propriétaire, Boussouf Malik dit Lamine, qui a changé le décor de cette paisible localité, indique M. Diab Chawki. Ce dernier nous a déclaré que les habitants des lieux, qui espéraient développer la vocation agricole de la région, ont vite déchanté quand ils ont été violemment attaqués par le propriétaire en question. Rapidement, le nouveau propriétaire a montré ses ambitions réelles, qui n'ont rien à voir avec le développement de la vocation de la région, soutient notre interlocuteur, car il s'attellera à chasser en urgence les familles qui occupent les lieux depuis des siècles, dira-t-il dans ce sillage.
La mosquée n'échappera pas à la démolition
Et, immédiatement après avoir expulsé ces familles en usant de pressions de toutes sortes, il passera à la démolition de leurs habitations. Le président de l'association nous a annoncé avec grande peine que le concerné est passé tout de suite après à la démolition de la mosquée de la mechta, qu'il jugera comme une action illégale et inexcusable sur le plan moral, ayant dans ce cadre choqué l'opinion publique. Mêmes les colons, avec tous les crimes odieux commis contre le peuple algérien et ses biens, n'ont jamais osé toucher aux lieux de culte, relève notre interlocuteur, qui a insisté à dire dans ce contexte que « la mechta El Khadraouia compte pas moins de 32 chahid tombés au champ d'honneur pour libérer le pays du joug colonial, et ce n'est pas à l'indépendance qu'on se laisserait faire quand on touche à nos droits fondamentaux ». D'autres équipements publics, qui confirment la légalité et la reconnaissance tacite par les autorités de l'occupation des lieux par les familles expulsées, seront détournés de leur vocation. Toujours selon M. Diab Chawki, une école et des logements de fonction pour les enseignants ont été, ainsi, transformés en écurie ! « Et, on ne sait quel sort a été réservé aux morts enterrés dans le cimetière, car plus personne n'y a remis les pieds depuis notre expulsion », s'indigne notre interlocuteur, très peiné devant l'empêchement des familles de visiter leurs proches disparus.
C'est que plus personne n'a droit à l'accès à la mechta, précise notre interlocuteur, une mechta entourée d'une clôture qui ne cadre pas avec la nature des terres agricoles ouvertes. La clôture en question, qui encercle la mechta El Khadraouia, empêche quiconque d'y pénétrer, et bloque, voire supprime de la carte, une voie publique, une route, qui passe à travers les champs d'El Khadraouia, et qui mène vers d'autres mechtas et le chef-lieu. L'ex-wali, Kedid Abderrahmane, a reconnu le droit de jouissance des familles expulsées de leurs terres, les considérant comme les exploitants effectifs des terres en question depuis des siècles, comme le prouve la zaouïa implantée à l'endroit, indique notre interlocuteur.
Une commission d'enquête sollicitée pour faire la lumière sur les dépassements
Tout comme les équipements publics réalisés sur les lieux, école, logements de fonction pour les enseignants, salle de soins, mosquée, cimetière et une route qui donne accès à la mechta, ainsi qu'un projet de raccordement des habitations au gaz naturel et des aides accordées aux habitants dans le cadre de l'auto construction des logements ruraux. Le tout visant à stabiliser cette population rurale au service de l'agriculture, rappelle M. Diab Chawki. « Aujourd'hui, les anciens de la mechta étant en âge très avancé, fatigués et n'ayant plus la force de se dresser contre cette injustice qui a profondément ébranlé leurs âmes, ce sont les jeunes de la mechta, près de 200 personnes à la fleur de l'âge, qui revendiquent la récupération des terres de leurs aïeux, et qui se déclarent prêts, avec l'aide de l'Etat consentie aux habitants des zones d'ombre, à s'investir dans le travail de la terre et l'élevage bovin et ovin dès leur retour à la mechta », a laissé entendre M. Diab Chawki. Ce dernier nous a affirmé que des certificats de jouissance ont été établis par les autorités locales pour servir à délimiter les terres occupées par les familles et celles que pourraient revendiquer le propriétaire, Boussouf Lamine, que nous avons vainement tenté de joindre pour avoir ses explications au sujet des doléances de l'association mechta El Khadraouia. Malheureusement, les certificats ne verront plus le jour après leur dépôt au niveau de la mairie, soutient encore notre interlocuteur, qui souligne dans ce contexte que les familles sont déterminées à défendre leurs droits. Nous sollicitons l'intervention du président de la République pour nous rétablir dans nos droits, lance le président de l'association « Mechta El Khadraouia », qui nous a remis une correspondance portant sur tout ce qui a été dit au sujet de la souffrance endurée par ces familles, et qui a été transmise aux responsables à tous les niveaux. Dans le même cadre, les concernés demandent une commission d'enquête indépendante pour faire la lumière sur la disparition des certificats de jouissance accordés aux familles qui exploitaient les lieux, sur le transfert des titres de propriété des terres de la mechta El Khadraouia, et une enquête au niveau du cadastre pour déterminer comment on a omis de répertorier le bâti sur l'assiette de terrain, des habitations, de la mosquée et des équipement publics qui occupent près de 600 hectares de l'ensemble des terres ' « Nous demandons au premier magistrat du pays de nous rendre justice, en nous aidant à récupérer nos terres, sources de notre vie », lancent dans un cri de détresse ces familles qui ont été déboussolées après avoir été spoliées de leur raison de vivre, leurs petits morceaux de terres. «L'Etat de droit auquel aspire notre pays nous réconforte dans notre position et nous laisse espérer de recouvrer nos droits », a déclaré notre interlocuteur.
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