Où vais-je aller '

Si l'on devait honorer toutes les invitations et répondre à toutes les sollicitations familiales ou amicales, tous les jours de la semaine ne suffiraient pas. Du samedi au vendredi, entre circoncisions chez les uns et les fêtes de mariage chez les autres, les réjouissances sont nombreuses. Bien évidemment, il y a celles qu'il ne faut manquer sous aucun prétexte. Une s?ur qui marie sa fille, un oncle ou une tante qui célèbrent le mariage d'un fils verraient d'un mauvais ?il tout manquement aux sacro-saintes traditions. La famille est ainsi faite. Elle aime que l'on partage la moindre des joies, que l'on allége donc par une simple présence, ses peines. « Familles, je vous hais », le cri de colère et d'indignation d'André Gide est un cri dans le désert pour nous. Elle étouffe mais reste le refuge des mauvais jours. Et puis en de telles circonstances, il ne faut pas prêter le flanc aux médisances. Nul ne comprendra qu'une tâche urgente à accomplir, un rendez-vous professionnel, un voyage impossible à reporter puissent accaparer et excuser une absence. Il n'est pas venu ' Il doit y avoir bel et bien une raison que la curiosité des médisants se chargera de dénicher, de refaire monter à la surface. Quelques bonnes âmes seulement se contenteront de regretter une telle légèreté et l'oubli d'un devoir. Mais où s'arrête au fait la famille ' Qui ne s'est pas posé un jour la question ' Ce n'est plus de se ruiner dans les cadeaux qu'il faut redouter. Mais pourquoi doit- on s'obliger à se rendre chez la belle-s?ur du beau frère ou compter parmi les invités de l'oncle de la cousine de madame ' Quand ils se rasent le matin, ils doivent être nombreux ceux qui se surprennent à chantonner ou vais-je aller, et qui vais-je aimer '