Algérie - Revue de Presse

Où commence le hors-champ '


En général, quand on donne un coup de téléphone, avec son portable, à son amie, son mari, son amant ou son mécanicien, on ne sait pas ce qu'il y a derrière. Il y a pourtant un monde au sens propre du mot. Pour ne citer que le premier opérateur de téléphonie mobile, Djezzy, il n'est plus détenu par l'égyptien Orascom Telecom, ce qui a soulagé les supporters aéroportés de Khartoum, mais a été acheté à 51% par un Italien, Wind Telecom, racheté à son tour par le russe Vimpelcom.
Ayant une profonde aversion pour le monde, l'Algérie a fait opposition et veut racheter la licence, au prix fort de 7 milliards de dollars. Pourquoi ' Comme l'a souligné l'économiste Mourad Goumiri, ce montant pourrait être investi dans les télecoms qui souffrent encore d'un gros retard à l'image de la 3G, qui s'est imposée partout sauf ici. Mais c'est que dans ce secteur, les profits sont énormes car les Algériens sont de grands consommateurs de téléphonie mobile, à tel point qu'un militaire à la retraite a ironisé sur les capacités de défense du pays : «Malgré son statut de 9e importateur mondial d'armement, il suffit de couper les portables pour envahir l'Algérie.» Effectivement, à peu près tout se fait par téléphone, les jugements, les promotions, les attributions de marchés ou les élections et même le rachat de Djezzy, qui s'organise selon d'opaques procédés.
C'est que l'Etat, ou le régime, n'aime pas trop laisser de traces, déteste les papiers et les législations, aime les sachets noirs, les zones grises et les téléphones rouges. En la personne de M. Ouyahia, il a même admis qu'il n'était pas capable d'imposer les chèques et les factures dans les transactions, aveu honteux pour un Etat se disant aussi fort. Le boom de la téléphonie, allié à l'écologie mal comprise du «zéro papier», confirme l'évolution du pays : nous avons passé le stade oral pour revenir au stade oral sans passer par l'écrit.




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