Algérie - Transport Divers

Oran - Norine Chouarfia. Cycliste L’Etat ne fait rien pour encourager le peuple algérien à se mettre au vélo



Oran - Norine Chouarfia. Cycliste L’Etat ne fait rien pour encourager le peuple algérien à se mettre au vélo




Après avoir parcouru Oran-Tunis à vélo en 2014, le cycliste algérien Norine Chouarfia revient avec un nouveau challenge: Oran-Istanbul à vélo pour les Jeux méditerranéens d’Oran de 2021.

- D’où vous est venue cette passion pour le vélo?

Cette passion est née suite à une déception professionnelle. Après avoir travaillé pendant dix ans au sein de diverses entreprises internationales en tant qu’agent commercial, j’ai brutalement été licencié par mon ancien directeur général alors que j’étais en CDI et sans avoir commis aucune faute professionnelle. Je me suis ainsi mis au vélo. Dans un premier temps, la pratique de ce nouveau sport était pour moi une distraction, un loisir. Avec le temps, il était de plus en plus difficile de descendre de ma selle.

C’est naturellement que cette passion s’est transformée en une sorte de drogue. De plus, je place le vélo dans une dimension éthique du voyage, comme moyen simple de découverte et de rencontre, un «aller vers» facilité grâce à ce moyen de locomotion universel qui provoque la curiosité et l’empathie immédiate. Je me fais une certaine idée du développement durable, passant par l’écologie, qui colle tout à fait avec la réalité du voyageur à vélo, en autonomie. L’autosuffisance, la consommation raisonnée et raisonnable des biens quotidiens, l’absence de rejets polluants au quotidien.

- Vous envisagez de faire Oran-Istanbul à vélo. Parlez-nous de ce projet.

Le 13 juillet prochain, je vais entamer, à partir de la ville d’Oran, mon périple de 10.000 km (aller/retour) d’itinéraire à destination de la capitale culturelle turque Istanbul, en passant par une dizaine de pays de la Méditerranée. La date du retour à Oran a été fixée au 1er novembre. Cette traversée, déjà bien tracée et estimée à une durée de 111 jours, vise principalement à promouvoir et à soutenir la ville d’Oran pour les Jeux méditerranéens qu’elle abritera en 2021. En même temps, c’est une aventure sportive valorisant la découverte, l’ouverture et l’échange avec d’autres cultures.

- Pour votre traversée Oran-Tunis en 2014, vous avez choisi le thème de la prévention routière et la protection de l’environnement. Qu’en sera-t-il pour Oran-Istanbul?

Promouvoir la ville d’Oran, qui a été élue comme ambassadrice des Jeux méditerranéens 2021, promouvoir la culture et le patrimoine algérien et plus particulièrement l’Oranie à travers les pays. Cette traversée créera un lien d’amitié et de fraternité entre les peuples méditerranéens et sensibilisera la protection de l’environnement, la santé et le cyclisme.

- Quelles sont les difficultés qu’on peut rencontrer dans ce genre de sport, particulièrement quand on programme une longue traversée?

Lors de mon premier long voyage à Oran à la Saoura algérienne, d’une distance de 2.200 km, j’ai été touché par l’hospitalité légendaire des Algériens, mais beaucoup plus secoué par la malheureuse pollution des paysages croisés durant mon périple. On aurait dit une immense poubelle, une décharge naturelle. Les chauffeurs routiers ne respectent pas non plus le code de la route et négligent les cyclistes.

A partir de là, j’ai décidé de rallier le littoral algérien jusqu’à Tunis afin de sensibiliser les Algériens à ces deux thématiques pour que les gens se rendent compte de l’importance de protéger leur environnement, et la vie humaine tout simplement… Il faut avoir un mental d’acier, surtout pour ce genre de traversée. Tout est dans la tête, il suffit d’être préparé physiquement bien sûr et surtout mentalement.

- Avez-vous un programme de préparation physique?

Franchement, je n’ai pas de préparation particulière. Quand je ne suis pas en compétition, je me concentre sur ma passion pour le sport en général et les activités de plein air (escalade, randonnée pédestre itinérante…). Par ailleurs, le VTT est devenu mon moyen de transport en ville, sur Oran et entre les villes de l’Ouest. Ce qui me rend en activité sportive régulière.

- Qu’en est-il du régime alimentaire?

Mon régime alimentaire est basé surtout sur les légumes secs (lentilles, haricots blancs…), les pâtes, le riz, les fruits et les fruits secs. En règle générale, il convient d’avoir une alimentation régulière et variée, en évitant autant que possible les aliments gras. Je ne grignote pas entre les repas. La consommation anarchique d’aliments perturbe la glycémie et contrarie par la suite une bonne utilisation des lipides à l’effort. Les muscles et le cerveau consommeront régulièrement du glucose.

Si on diminue la concentration d’un produit, on baisse l’apport énergétique. Il convient donc d’aborder la question en termes de répartition. Dans des conditions de chaleur, on doit boire 6 bidons au lieu de 3 ou 4 pour s’hydrater. A ce moment-là effectivement, il faut répartir la quantité de glucides en diminuant la concentration de chaque bidon. L’apport énergétique reste le même, c’est la répartition qui change.

Sans cette adaptation, on risque de se retrouver en hypertonicité, des troubles intestinaux et, paradoxalement, une déshydratation, car l’organisme va puiser dans le plasma sanguin pour rétablir l’osmolarité. Quand il s’agit d’épreuves de plus de deux heures, je pense qu’il vaut mieux utiliser des boissons constituées de maltodextrines, car elles sont hypotoniques et le problème de la concentration s’envisage avec plus de souplesse. L’eau gazeuse et le yaourt liquide ont pour but de réalcaliniser l’organisme saturé d’acidité après l’effort. Il faut noter qu’on s’hydrate plus efficacement en absorbant les boissons par petites gorgées.

- Votre projet est-il soutenu par des sponsors?

J’ai déposé mes demandes et la présentation du projet depuis le 13 avril auprès de toutes les institutions publiques concernées (ministère de la Jeunesse et des Sports, Comité olympique et sportif algérien et la Fédération algérienne de ayclisme) en attendant d’avoir un retour. Le dossier a également été déposé auprès d’un grand nombre d’entreprises privées de renommée (opérateurs de téléphonie mobile, producteurs de boissons…).

A ce jour, je n’ai reçu aucun feedback, même pas négatif. Pour sa part, le maire d’Oran m’a transmis son total soutien et une cérémonie symbolique sera organisée le jour de mon départ, ainsi que le jour de mon retour accompagnée d’une conférence de presse filmée et diffusée sur les chaînes de télévision algériennes, à la radio et aux réseaux sociaux.

- Selon vous, est-ce qu’on accorde au cyclisme l’importance qu’il mérite en Algérie?

Non, l’Etat ne fait rien pour encourager le peuple algérien à se mettre au vélo. Pour améliorer cette situation, il devrait commencer à entreprendre à réaliser quelques pistes cyclables, en particulier dans les grandes villes, afin d’encourager les gens à se mettre à pédaler.

Ryma Maria Benyakoub



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