Algérie

Oran Les travailleurs d'Alver disent non au «bradage» de leur entreprise




Les travailleurs de l'unité de verre d'Oran «Alver», filiale du groupe ENAVA, ont observé hier un sit-in et empêché l'accès à l'usine du représentant du futur repreneur de l'unité, la société Saint Gobain Vetri. Une nouvelle levée de bouclier de la part des quelque 535 travailleurs de l'unité, qui, sous l'étendard de leur section syndicale, ont exprimé de nouveau leur totale désapprobation avec ce qu'ils qualifient de « tentative de bradage » de cette unité. Une unité considérée pourtant comme leader national de la grande et la petite bouteillerie, avec une part sur le marché national de près de 40 %. Elle réalise aussi, selon le partenaire social, un chiffre d'affaires de 8 milliards de centimes par mois. A l'entrée de l'unité, on pouvait lire sur des banderoles accrochées: «Oui à la privatisation, non au bradage». Le principal point de discorde entre le partenaire social et l'administration a trait, en effet, au « prix de cession» : environs 50 milliards de centimes. Ce prix reste déterminant pour le partenaire social car, c'est sur la base de ce prix qu'est calculée la quote-part dont devra bénéficier chaque travailleur, qui, comme énoncé dans la résolution du CPE est de l'ordre de 10 % du prix de cession, soit un peu plus de 9 millions de centimes. « Une misère » pour des gens qui ont consacré 10, 20, voire 30 ans de leur vie à cette entreprise, soutiennent les syndicalistes. « Il est inconcevable qu'une unité comme la nôtre qui jouit d'un patrimoine aussi important, étendue sur une superficie de près de 17 ha, soit cédée à un prix aussi dérisoire », s'insurgent les représentants des travailleurs. Même au prix d'un terrain nu, l'unité en vaut beaucoup plus, ajoutent-ils. Ils rappellent à ce propos, que dans le cadre de la mise à niveau de l'unité, opérée entre 2002 et 2005, «l'Etat a investi près de 8 millions de dollars. Entre 2005 et 2006, le renouvellement des deux fours de l'unité a coûté près de 44 milliards de centimes. Alors comment peut-on céder aujourd'hui l'unité à 50 milliards de centimes. C'est tout simplement insensé». Pour la section syndicale, plusieurs anomalies ont été constatées, et pas uniquement au sujet du prix de cession. «Le manque de transparence qui a accompagné cette procédure, depuis le début, confirme son caractère, le moins qu'on puisse dire, suspect. Dans le cahier des charges, il n'y a ni volet technique, ni volet juridique. Ceci sans compter les contradictions qu'il y a entre la note de service qui a été soumise aux travailleurs et la résolution du CPE autorisant la cession», affirment les syndicalistes. Le syndicat a, selon son porte-parole, saisi officiellement la semaine passée, le Chef du gouvernement, le ministère de l'Industrie et de la promotion de l'investissement (MIPI), le Parlement et la centrale UGTA pour demander l'ouverture d'une enquête à propos de cette cession. Selon une résolution du CPE datée au 24 novembre 2007 et portant le numéro 04-81, le Conseil de participation de l'Etat autorise, en effet, « la cession totale de l'EPE Alver, filiale du Groupe ENAVA, relevant de la SGP GEPHAC au profit de la société Saint Gonbain Vetri (Italie) pour un montant de 5,04 millions d'euros (environ 50 milliards de centimes) payable au comptant à la date de signature du contrat de cession ». Un prix de cession jugé «dérisoire» par le partenaire social, eu égard, soutient-il, des prix avec lesquels sont cédés des entreprises du même standard. La cession sera, selon la résolution du CPE, assortie par un engagement du repreneur, en l'occurrence Saint Gobain, à « maintenir l'activité et les effectifs de travailleurs et à mettre en place un plan de formation au profit des employés pour un montant de 1,7 million d'euro. St Gobain s'engage également à maintenir l'activité de l'EPE Alver, à la mise à niveau et le développement de ses activités, et à la réalisation d'un investissement de 14,5 millions d'euros. Le syndicat conteste, par ailleurs, le flou entretenu par les pouvoirs publics sur les actifs excédentaires, notamment deux terrains dont la superficie globale avoisine, selon l'administration, les 3.000 m², les créances, le stock et le parc automobile, qui n'ont pas été inclus dans la vente. Concernant les deux terrains, la Direction générale d'Alver affirme qu'ils seront récupérés par l'Etat. Des sources proches du dossier indiquent à ce propos que la valeur des deux terrains servira à compenser le Trésor public, appelé à éponger les dettes d'Alver auprès des banques dont le montant avoisine les 400 milliards de centimes. En effet, selon les termes de la résolution portant privatisation, « il est exclu du périmètre de cession le terrain mitoyen au complexe d'une superficie de 18.302 m² et le bâtiment qui y est édifié et fait l'objet d'une location à l'EPE Saïdal, ainsi que le terrain nu d'une superficie de 1.450 m² et attenant au complexe. Par ailleurs, le CPE « mande le Trésor public à l'effet de prendre en charge le passif résiduel, non assumé par le repreneur de la filiale Alver », lit-on dans ce même document.
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