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Oran
Ce sont les laissés-pour-compte qu'on veut cacher aux yeux de la société pour ne pas heurter ses bons sentiments."Je ne connais rien des plaisirs de la plage ou des sorties en mer sauf par les images de la télévision où je regarde les baigneurs et les jeunes gens s'adonner aux joies de l'été. Je ne leur en veux pas mais ces images me font souffrir", nous déclare Omar, 21 ans ; il est tétraplégique et est entièrement dépendant de sa mère qui le prend en charge. Il y a environ 8 000 handicapés comme Omar dans la wilaya d'Oran qu'on ne voit pas beaucoup, sauf dans les artères de la ville où certains d'eux font de la mendicité leur gagne-pain.Les personnes handicapées font ainsi partie de notre quotidien où elles sont effacées. Ce sont des laissés-pour- compte, des espèces de momies vivantes qu'on veut cacher aux yeux de la société pour ne pas heurter ses bons sentiments. Sous d'autres cieux, les handicapés sont les pupilles de la nation qui subvient totalement à leurs besoins. "Ma mère s'occupe de moi comme si j'étais encore un bébé", susurre Omar, presque honteux. "Comment voulez-vous que les responsables réfléchissent à cette frange de la société alors qu'ils ont d'autres chats à fouetter '", ironise un acteur social. Lui-même président d'une association pour handicapés, il ne doit la "survie" de ses malades que grâce aux âmes charitables. L'Office national des statistiques (ONS) annonce que le handicap moteur est le plus important suivi par le handicap lié à la compréhension et la communication et le handicap visuel. Mais pour toutes ces personnes, quelle que soit la raison de leur handicap, vivre à Oran ou ailleurs en Algérie est souvent synonyme de calvaire. Mme Lakehal, une Algérienne installée en France, mère d'un handicapé mental et présidente d'une association pour handicapés moteurs et mentaux, peine à faire introduire des chaises roulantes aménagées à Oran. "Les gens qui nous viennent en aide en France ne comprennent pas que les autorités algériennes ne puissent pas nous faciliter la tâche pour distribuer gratuitement ces chaises aux personnes handicapées nécessiteuses", déplore-t-elle. "Nous avons demandé des chaises aménagées au profit de nos handicapés moteurs depuis plus de deux ans, et là où nous nous adressons les responsables demeurent toujours sourds-muets face à nos doléances, sans oublier les infrastructures spécialisées qui brillent par leur absence", plaident des parents. "La société vit ainsi dans l'égoïsme de ses petits complexes car elle ne veut pas voir les handicapés qui font partie intégrante de la nation algérienne", déclare un membre d'une association d'autistes.Pourtant l'Algérie se distingue de ses voisins d'Afrique du Nord par une législation en faveur des handicapés partiellement avancée. Ainsi, l'article 5 de la loi de 2002 stipule que "les personnes handicapées sans revenu bénéficient d'une aide sociale qui se traduit par une prise en charge et/ou une allocation financière". Omar s'énerve quand nous lui parlons de cette pension. "C'est comme si je tendais la main aux passants, car peut-on peut vivre avec 4000 dinars pas mois '", s'emporte franchement notre interlocuteur.Il ajoute d'une voix à peine audible : "Cette aide ne peut même pas suffire à acheter mes couches." "L'allocation ne représente jamais une pension. L'allocation actuelle qui est estimée à 4 000 DA par mois c'est du mépris pour cette frange qui devrait être une partie prenante de la société. Cette allocation ne peut jamais répondre aux besoins élémentaires de ces handicapés", souligne, pour sa part, un médecin spécialisé.D'autres obstacles incluent le manque de logement, de transport, de loisirs, de sorties en montagne et en mer, d'accès à l'éducation, aux salles de cinéma et de spectacle. Cet état de fait est antinomique avec le droit communautaire en matière de libre circulation inscrit dans la loi 02/09 du 08/05/2002 relative à la protection et la promotion des personnes handicapées.Pour mieux cerner la réalité (nombre de handicapés, type de handicap, répartition par commune) de cette catégorie de la population dans la wilaya d'Oran, il est impératif d'initier une enquête à l'effet d'estimer le nombre de handicapés (moteurs, visuels, auditifs, psychiques).Car dites-vous bien que le c?ur des handicapés palpite aussi dans la wilaya d'Oran et qu'ils ont droit à une place au soleil et à la plage.K. R. I.NomAdresse email





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