Opérations commerciales suspendues, comptes bancaires bloqués

La société Knauf Plâtre, acteur incontournable du marché des matériaux de construction et deuxième exportateur hors hydrocarbures en Algérie, est dans le collimateur des services de contrôle.Pourquoi cet intérêt soudain pour une société qui a obtenu le premier prix de la qualité en 2014 ' La raison pourrait bien en surprendre plus d'un ! Cette société, qui s'est implantée en Algérie en 2006 par le rachat de 50% des parts de la plâtrière Algérienne Fleurus avant de procéder à l'acquisition définitive de la plâtrière en 2010, exerce sans registre de commerce depuis le 26 avril 2015, date du licenciement du gérant algérien par les Allemands. Le 27 avril 2015 un nouveau gérant franco-tunisien a été installé à la direction de cette société.«Le nouveau gérant, qui s'est rendu en Algérie avec un passeport et un visa touristique, n'avait pas le droit de travailler sur le territoire national puisqu'il ne dispose ni d'une carte de séjour, ni d'un permis de travail encore moins d'un registre de commerce. Depuis le 27 avril dernier, la société exerce dans la clandestinité totale. Le pot aux roses a été découvert en mai dernier par le ministère du Commerce qui a dépêché le 28 du même mois une inspection à la société pour enquêter sur la comptabilité et les opérations commerciales de cette société», confient des sources concordantes. Les contrôleurs, qui ont mis à nu de graves dépassements dans la gestion de cette société, ont décidé de suspendre toutes les opérations commerciales de Knauf Plâtre Algérie (exportations, importations, ventes) et de bloquer les trois comptes bancaires domiciliés dans des établissements bancaires privés. L'ancien et l'actuel gérant de Knauf Plâtre Algérie ont été auditionnés par la direction du Commerce. Un procès verbal de constat d'infraction a été établi par les services de cette direction. «L'actuel gérant qui exerce sans registre de commerce s'est envolé vers Paris. Les opérations du commerce extérieur sont gelées depuis le début du mois. Il y a 60 conteneurs chargés de produits prêts à l'exportation qui attendent dans les hangars de la société. Il y a aussi une cargaison de plus de 70 conteneurs importée qui est bloquée au port d'Oran. Seules les ventes locales des produits de la société n'ont pas été suspendues à ce jour», précisent nos sources. Les 210 travailleurs de cette société sont livrés depuis plusieurs semaines à eux-mêmes. «Les salaires du dernier mois ont été versés aux travailleurs grâce à une faveur accordée par une banque privée, mais pour les prochains mois il est nécessaire de recourir au tribunal pour obtenir une ordonnance d'urgence afin de débloquer les comptes bancaires de la société», soulignent les mêmes sources.Du côté des services de contrôle, on apprend qu'un délai de trois mois a été accordé à la société pour régulariser sa situation faute de quoi de lourdes sanctions (amendes) seront prises à l'encontre de cette société. Selon nos sources, ce défaut de registre de commerce n'est que la partie émergée de l'iceberg.