Algérie - A la une

On fait tomber les peaux mortes



Le corps de la magistrature semble avoir engagé le processus, à travers la radiation de sept magistratsL'affaire El Boucher aura été le révélateur d'une nécessaire mue de l'administration.
Le pouvoir judiciaire et l'appareil sécuritaire de l'Etat sont l'objet d'un toilettage qui peut surprendre par son ampleur et surtout par la qualité des cadres concernés. Des magistrats, de hauts gradés de l'ANP et de la Sûreté nationale, des douaniers ont fait les frais d'une tempête provoquée, certes, par l'affaire dite des 701 kg de cocaïne, mais payent également la facture d'un certain laxisme qui s'est installé au sein de l'administration publique, au point d'offrir à un boucher l'impensable opportunité de se rapprocher dangereusement des centres de décision. La proximité dans le temps d'une échéance politique majeure apporte, bien entendu, son lot de lectures, d'interprétations et de commentaires autour de chaque décision présidentielle ou émanant de l'autorité judiciaire. Il reste qu'à l'origine de tout le remue-ménage auquel assistent les citoyens, médusés par l'identité des personnes impliquées, il y a une affaire de grand banditisme associée à une forme de criminalité en col blanc. La corruption, pour ne pas la citer, aura été le principal moteur du feuilleton scabreux de Kamel El Boucher.
En fait, ce que retient l'opinion publique du «micmac» au sommet, tient en une phrase, à savoir que les édifices judiciaire et sécuritaire du pays ne sont pas épargnés par le phénomène de la corruption. Mais au-delà d'un constat qui n'est, du reste pas nouveau, en ce sens qu'aucune institution au monde n'en réchappe, le questionnement qui taraude l'opinion nationale est sans doute en rapport avec le traitement de ces affaires. Dans d'autres pays, lorsque ce genre de «bombes» explosent, elles emportent avec elles beaucoup de hauts fonctionnaires, hommes d'affaires et autres personnalités politiques. Aucun pays ne peut se targuer d'être vacciné contre la corruption. Cependant, dans les Etats solides, les institutions ne sont pas remises en cause et il s'en trouvera toujours des cadres compétents pour remettre la machine en marche et en redressent l'image auprès de la société. Un «toilettage» qui dure une génération ou deux, le temps que se réinstalle le laxisme et les autres maux qui rongent les administrations fussent-elles sensibles.
L'une des fonctions des mouvements dans les corps de l'administration, est justement d'éviter que de mauvaises habitudes s'installent et avec elles, les comportements nuisibles, à l'image de la corruption. En Algérie, l'affaire El Boucher aura été le révélateur d'une nécessaire mue de l'administration. Le propos n'est pas d'accuser tout le monde de pratiquer la corruption, mais pour en prévenir les effets néfastes sur le moral des Algériens, il est essentiel de pratiquer quelques opérations «chirurgicales» pour retirer quelques «verrues» et assainir l'ensemble de la fonction publique.
Le corps de la magistrature semble avoir engagé le processus, à travers la radiation de sept magistrats. La Dgsn a, de son côté, lancé l'opération et l'on s'attend à un redéploiement de ce corps de sécurité en direction des citoyens, mais également au sein même du corps, appelé à améliorer son fonctionnement dans le sens d'une affirmation de la lutte contre la corruption. Mais cela suffit-il pour redonner du tonus à l'Administration nationale, dont les Algériens attendent un comportement exemplaire de l'ensemble de ses agents' Il convient de relever, à ce propos, que le citoyen moyen n'est pas tendre avec les fonctionnaires du pays. S'il croise un agent compétent et honnête, il jurera qu'il est face à une exception qui confirme la règle.
C'est dire que l'administration n'a pas bonne presse dans l'opinion nationale. Même si la lutte contre ce fléau est sans pitié, il faut bien se rendre à l'évidence de sa relative efficacité. C'est dire que si la justice, la police et les contrôleurs chargés de «suivre» les fonctionnaires du pays n'ont pas réussi à convaincre les citoyens, c'est que le moment est venu de provoquer la mue salutaire de l'administration du pays.
Le «comment et le quand», relèvent des prérogatives des plus hautes autorités politiques du pays, qui disposent d'outils juridiques et légaux pour «opérer la mue». Ce qui est sûr, cependant, c'est le constat qui semble s'imposer aux observateurs de la scène nationale, à savoir que les Algériens sont en attente d'une grande initiative qui réhabilite une bonne fois pour toutes l'image de l'ensemble des institutions de la République.


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