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Offensive sur Raqqa
En l'espace d'une semaine, la Russie a par deux fois proposé aux Etats-Unis une coordination en Syrie entre ses forces militaires et celles de la coalition internationale menée par eux. La première en fixant à cette coordination des frappes conjuguées contre l'organisation terroriste le Front El Nosra classée comme telle par les Nations Unies. La seconde pour monter des opérations de frappes conjointes contre l'Etat islamique à Raqqa, sa capitale autoproclamée.A l'une et à l'autre proposition de collaboration, les Etats-Unis ont fait une réponse négative qui dévoile on ne peut plus limpidement le caractère mensonger du discours américain sur la nécessité d'une coopération internationale contre le terrorisme. Leur refus des propositions russes révèle qu'ils sont en Syrie dans la poursuite d'un agenda dans lequel l'objectif de l'éradication dans ce pays des organisations terroristes n'est affiché que pour justifier leur intervention militaire qui n'a aucune base légale au plan du droit international.Ce sont pourtant les Etats-Unis qui les premiers ont appelé à une coopération militaire internationale contre l'Etat islamique quand il s'est emparé de Raqqa et en a fait sa capitale autoproclamée. Ils l'on fait en étant certains que la Russie à ce moment-là était dans une urgence en Syrie qui la lui ferait décliner : celle de voler au secours du régime de Damas acculé de toute part et en risque de perdre ce qui restait de territoire syrien sous son contrôle. Cette situation n'est plus de mise en Syrie. Le régime de Bachar El Assad a non seulement contenu les assauts contre les zones qui étaient encore sous son contrôle à ce moment-là mais est dans une dynamique offensive qui lui a permis de reprendre le terrain qu'il avait dû concéder à ses multiples adversaires armés.L'on fera remarquer qu'il y a une coïncidence qui ne doit rien au hasard dans le fait que les Etats-Unis s'avisent que leurs « alliés » encadrés par leurs forces spéciales présentes en Syrie peuvent déloger l'Etat islamique de Raqqa et celui que les forces armées du régime avancent lentement mais sûrement en direction de cette ville. Si les Américains n'avaient pour but que de reprendre Raqqa à l'organisation terroriste, ils ne pouvaient qu'accepter la proposition russe d'une coordination militaire. Mais en la déclinant ils ont manifestement donné à entrevoir qu'ils poursuivent un but pour lequel la libération de Raqqa n'est qu'une étape. En accord avec l'Arabie saoudite, la Turquie et les roitelets du Golfe, les Etats-Unis visent à ce que Raqqa et sa région une fois libérées de la présence de l'Etat islamique ne retombent pas sous le contrôle du pouvoir de Damas. La participation sous quelque forme que ce soit de la Russie, allié du régime, à leur libération empêcherait à l'évidence la concrétisation de ce plan.De ce fait, l'on va assister inéluctablement à une course de vitesse entre le régime et ses alliés et l'Amérique et les siens pour à qui reprendra le premier la ville de Raqqa et sa région. Pour les deux camps, une victoire en ces lieux sur l'Etat islamique est une carte d'importance dans les négociations qui viendront à reprendre sur l'avenir de la Syrie. Mais cette course de vitesse est porteuse du risque d'une confrontation directe entre ces deux camps qui peut prendre une dimension apocalyptique du fait de la présence dans chacun d'acteurs russes et américains.


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