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"Nous sommes tous Tahar Djaout"



Photo de famille des journalistes avec l'ambassadeur de FranceCes journalistes ont payé de leur vie pour s'être opposés à l'idéologie intégriste dans un isolement total au moment où le monde se contentait d'observer.L'ambassadeur de France à Alger, Bernard Emié, a rendu un hommage appuyé, jeudi soir à la Résidence de l'ambassade à Alger, aux journalistes algériens victimes du terrorisme durant la décennie noire ainsi qu'aux victimes de l'attentat qui a ciblé le journal Charlie Hebdo. «Je souhaite que nous ayons ce soir une pensée particulière pour les 120 journalistes algériens qui ont été assassinés pendant les années noires par la même idéologie barbare», a-t-il lancé à l'occasion d'une cérémonie organisée en l'honneur des journalistes algériens formés en 2015 dans le cadre du programme Tahar Djaout. L'ambassadeur a cité les noms de Tahar Djaout, Rabah Zenati, Abderrahmane Chergou, Mustapha Abada et Saïd Mekbel, tout en ayant une pensée aux intellectuels et artistes assassinés durant la même période. Il cite notamment Matoub Lounès, le chanteur engagé assassiné lâchement le 25 juin 1998 et que la France a honoré en donnant son nom à de nombreuses rues. Les noms des 120 journalistes assassinés par le terrorisme sont inscrits sur un kakémono, exposé à la résidence de l'ambassade. Ces journalistes ont payé de leur vie pour s'être opposés à l'idéologie intégriste, dans un isolement total, au moment où le monde se contentait d'observer. Il a fallu attendre des décennies pour que les puissances occidentales prennent conscience du caractère sauvage du terrorisme, qui ne connaît pas de frontières.Bernard Emié a rendu également un grand hommage aux victimes de l'attentat qui a ciblé le journal français Charlie Hebdo dont deux Franco-Algériens, le journaliste correcteur Mustapha Ourrad et le policier Ahmed Merabet. Il n'a pas oublié d'avoir une pensée pour le touriste Hervé Gourdel, décapité par les terroristes en Algérie.«Au lendemain des attentats de Paris, nous avons dit ? ?Nous sommes Charlie ? ?, mais nous pouvons, nous devons dire aussi, en mémoire de vos confrères algériens, de ces journalistes assassinés: ? ?Nous sommes Tahar Djaout ? ?», a-t-il soutenu, devant les journalistes, les dessinateurs et responsables de presse présents. Il a salué la participation de l'Algérie à la marche de Paris contre le terrorisme, en se faisant représenter par le chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra.Il ajoute: «Je comprends les Algériens qui me disent, parfois avec une certaine amertume, quand je les croise: ? ?Quand les journalistes algériens sont morts sous les balles des terroristes, où étaient-ils, ces millions de gens qui ont marché le 11 janvier 2015' Qui dans le monde a manifesté sa solidarité' ? ? Ils ont raison. Nous n'avions sans doute pas alors pleinement pris conscience de ce qu'était la violence terroriste.» Il précise que ce n'est que progressivement que nous avons compris qu'il s'agissait d'un combat commun, un combat sans frontières contre la barbarie et pour la liberté. «Le temps du repli, de l'isolement, de l'ignorance est terminé. La solidarité internationale qui s'est manifestée à la suite des attentats de Paris l'a montré. S'en prendre à un journaliste, s'en prendre à un dessinateur, quels que soient son pays, sa religion, ses croyances, c'est s'attaquer à la liberté et aux valeurs les plus précieuses de l'humanité», a-t-il affirmé. Pour lui, les attentats qui ont été commis à Paris sont une insulte à l'islam et les musulmans sont les premières victimes du terrorisme. Il explique que la culture, l'éducation et la formation sont les meilleures armes pour défendre la liberté d'expression et pour faire barrage au terrorisme.M.Bernard Emié a espéré «que nous soyons capables, après les événements dramatiques qui nous ont frappés, de faire triompher, en France et en Algérie, nos idéaux de liberté, d'unité, de solidarité, pour pouvoir affronter, main dans la main, les défis communs auxquels nous sommes plus que jamais confrontés».A souligner enfin qu'en 2014, plus de 100 journalistes algériens ont été formés dans le cadre des différentes sessions organisées par l'ambassade de France, en partenariat avec deux écoles de journalisme françaises de premier plan, à savoir le Cfpj et l'Esj (l'Ecole supérieure de journalisme), et avec de grands médias algériens.La dernière de ces sessions de formation s'est terminée jeudi. Elle était consacrée au journalisme politique et animée par Mme Hala Kodmani, journaliste française d'origine syrienne, lauréate en 2013 du Prix de l'association de la presse diplomatique française.




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