Algérie

Notre Sahel



Alors que la médiation algérienne dans le conflit opposant les Touaregs à Bamako devait être relancée, un accrochage meurtrier au nord du Mali fait planer des doutes. Sans doute ne faut-il pas s'empresser de chercher la cause ailleurs que dans la conjoncture locale: une rébellion qui n'entend pas laisser le pouvoir central renforcer son dispositif militaire au Nord avant d'avoir conclu un accord en règle. Mais dans ces flux et reflux permanents entre accords de paix et rébellion targuie, il est difficile de ne pas observer que cette région, la nôtre, apparaît comme le nouveau terrain de jeu des puissances. Il ne faut pas nier l'importance décisive des facteurs locaux, propres aux pays de la région. Ces conflits ne tombent pas du ciel, ils ont une histoire et ont pour cadre des Etats fragiles et pauvres. Il ne faut pas chercher des explications extérieures qui déresponsabilisent les élites locales. C'est la lenteur - ou l'absence de volonté - de ces élites au pouvoir à résoudre de manière convaincante les problèmes, qui permet à ce jeu de se déployer. Les choses se compliquent dès lors que le charisme des chefs traditionnels ne fonctionne plus chez des générations nouvelles. Au Mali, comme au Tchad ou au Niger, pour ne parler que de ceux qui sont dans notre horizon géographique, on a, depuis des années, la démonstration inquiétante que les vieux contentieux locaux, solubles dans le développement économique et par un effort sérieux d'intégration politique, peuvent devenir inextricables dès lors qu'ils sont happés par les manoeuvres stratégiques des grandes puissances. L'uranium au Niger et le pétrole au Tchad, et sans doute au Mali, intéressent les puissances tout en attisant les contentieux internes autour du partage des richesses. Le conflit endémique dans le delta du Niger au Nigéria peut se dupliquer dans des pays africains où l'intégration aux institutions nationales est déjà problématique. On fait grand cas dans la presse sur le rôle de la Libye dans la région. On peut en contester le côté gribouille, déconcertant parfois, mais il est difficile de lui reprocher de s'intéresser à ce qui passe dans des Etats voisins, où d'ailleurs elle investit beaucoup d'argent. En revanche, Tripoli doit admettre que dans le conflit au nord du Mali, toutes les parties ne souhaitent pas son intermédiation. C'est une responsabilité qui incombe à l'Algérie et elle doit continuer à l'assumer en dépit des difficultés. C'est notre intérêt et celui des pays de la région d'agir au mieux pour que les vieux conflits locaux ne soient pas instrumentalisés par les grandes puissances. La supposée « compétition » entre Alger et Tripoli est dérisoire à côté des enjeux des puissances extérieures, où l'appétit pour les matières premières peut se draper derrière une menace terroriste délibérément grossie. Tous les pays de la région ont intérêt à pacifier la situation par les ressources de la politique et à agir sur le levier de l'économie. L'Algérie, par exemple, devrait investir dans les économies des pays voisins comme le fait la Libye. Plus la situation économique des pays de la région s'améliorera et mieux ils sauront se prémunir des manipulations extérieures.


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