Algérie - A la une

«Notre rôle est de prévenir et combattre la corruption»


Le président de la Cour des comptes alerte sur la gestion du budget d'équipement des collectivités locales. Les dépenses devant passer obligatoirement par les marchés publics, ces derniers ne sont toujours pas bien maîtrisés par les fonctionnaires.Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Abdelkader Ben Maârouf affirme que, certes, la Cour des comptes est restée «invisible» pendant des années pour les citoyens puisqu'ils ignoraient sa mission , mais les gestionnaires de l'argent public dans les collectivités locales, les entreprises publiques et les ministères, eux, connaissaient cette institution à travers les opérations de contrôle effectuées.
Une situation qu'il impute au non-respect du principe de la transparence auparavant. «Aujourd'hui, il faut qu'il y ait un contact entre nous et l'opinion publique sur la nature des activités de cette institution et de leurs résultats», estime-t-il. Il évoque, à cet effet, la récente révision de la Constitution qui , dit-il, «a apporté beaucoup de nouveautés permettant ainsi à la Cour des comptes de s'ouvrir aux citoyens et à l'opinion publique».
Intervenant, hier lundi, sur les ondes de la Chaîne 1, le président de la Cour des comptes précise que l'article qui définit le rang constitutionnel de la cour des comptes s'est développé au fur et à mesure, et ses prérogatives ont été élargies. «La nouvelle révision de la Constitution a affirmé clairement que les prérogatives de notre institution ont une compétence universelle sur tout ce qui est public, commercial ou administratif», explique-t-il.
L'invité de la radio rappelle la mission principale de la Cour des comptes qui veille à soumettre tous les comptes par les responsables traitant de l'argent public. «Notre rôle n'est pas répressif mais consiste à proposer des solutions aux gestionnaires. La Cour des comptes contribue à la bonne gestion, mais aussi à prévenir et à combattre la corruption.»
Il met ainsi en évidence le rôle des Chambres territoriales mises en place, et qui veillent au contrôle des collectivités locales. «Nous avons, dès le départ, adopté une stratégie basée sur la maîtrise de la gestion du budget des collectivités locales qui constituent la principale cellule de la relation entre le citoyen et l'Etat. L'objectif était de permettre aux communes de bien gérer l'argent public et les biens de l'Etat. Au début, très peu d'entre elles présentaient leurs comptes à la fin de l'année. Aujourd'hui, presque 100% des collectivités locales présentent leurs comptes», dit-il.
Selon Abdelkader Ben Maârouf, le budget de l'équipement est celui qui compte des «dangers» quant au bon emploi de l'argent public. «Le budget de gestion n'est pas du tout compliqué, puisque entre 75 et 80% de ce budget représentent les salaires des employés. Même s'il arrive parfois qu'il y ait des erreurs, elles ne mènent pas à de grandes pertes et peuvent être corrigées. La plus grande difficulté est la bonne gestion des opérations d'équipement puisqu'elles passent par les marchés publics».
Il reconnaît d'ailleurs que la gestion des marchés publics est une question très compliquée et fait remarquer que, généralement, les employés des collectivités locales ne maîtrisent pas les procédures des marchés publics et laissent ainsi les enveloppes financières accordées aux projets, gelées. Pour y remédier, il propose la formation de ces employés dans la gestion des marchés publics.
Abdelkader Ben Maârouf déplore, par ailleurs, que l'accord établi entre l'Inspection générale des finances et son institution ne soit pas encore entré en vigueur. Il estime qu'il est indispensable qu'il y ait une synergie entre les deux institutions afin d'éviter un double contrôle.
Afin d'assurer le contrôle des finances de l'Etat, l'invité de la Radio considère qu'il est indispensable que les neufs Chambres territoriales puissent bénéficier de toutes les prérogatives de la Cour des comptes. «Actuellement, ces Chambres sont spécialisées dans les finances locales. Elles contrôlent les collectivités locales, mais ne peuvent pas intervenir dans les autres institutions telles que les hôpitaux, les CHU...», explique-t-il.
Ry. N.
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