Algérie

« Notre mouvement de grève n'a rien de politique »


« Notre mouvement de grève n'a rien de politique »
Au moment où l'Etat algérien se plaint de la fuite des cerveaux vers des horizons meilleurs, les praticiens qui militent pour une santé publique performante regrettent que leurs revendications purement sociales ne trouvent aucun écho auprès des décideurs du pays. En effet, au huitième jour d'une grève pour « la dignité » déclenchée par le Syndicat nationale des praticiens de la santé publique (SNPSP), les pouvoirs publics se confinent toujours dans un silence évocateur du mépris affiché vis-à-vis de son élite. M. Bensebaïne, président du conseil national de ce syndicat, qualifie le mouvement de débrayage des spécialistes et des généralistes de réussite totale, tout en condamnant le comportement des autorités qui, dit-il, « ont utilisé tous les moyens non pas pour essayer de comprendre nos cris de détresse, mais plutôt pour nous faire taire ». « Nous enregistrons une mobilisation de plus en plus conséquente avec un taux de participation dépassant les 80%. Il y a eu un emballement et cela n'est qu'une énième démonstration du ras-le-bol des médecins, alors qu'en parallèle le pouvoir tourne le dos à la frange des intellectuels que nous représentons », souligne M. Bensebaïne.De son côté, le docteur Merabet, premier responsable de cette organisation syndicale, estime que la protesta s'est imposée dans le secteur de la santé publique depuis des années et ce, en l'absence délibérée de volonté de prévention et de règlement des conflits socioprofessionnels. De l'avis de notre interlocuteur, la grève ouverte des praticiens est une réussite totale par l'adhésion et l'engouement qu'elle suscite à travers les différentes structures de santé (EPH et EPSP) de l'Algérie, et ce, malgré la campagne de désinformation mais, surtout, malgré toutes les tentatives de casser le mouvement par la pression et l'intimidation que subissent au quotidien beaucoup de délégués syndicaux et adhérents. « Nous avons été confrontés à des blocages et à l'entrave du libre exercice du droit syndical. Il est malheureux de constater que des délégués syndicaux activent sous la pression, le chantage et l'arbitraire. En Algérie, la grève, qui est un droit constitutionnel, est apparemment très mal perçue », a souligné un syndicaliste.Pour leur part, les représentants du SNPSP battent en brèche les propos de leur ministre de tutelle qui, selon eux, « fuit ses responsabilités » en reprochant aux initiateurs du mouvement de débrayage de faire de la politique. Solennellement, le docteur Bensebaïne rappelle que leur mouvement n'a rien de politique et dans ce sillage, il interpelle encore une fois le président de la République pour une prise en charge juste et équitable de leurs doléances, notamment la promulgation du statut particulier qui demeure, selon notre interlocuteur, une question tout à fait à la portée du gouvernement pour une adoption rapide. Les praticiens et le syndicat ne comptent pas baisser les bras et envisagent de poursuivre la protestation jusqu'à satisfaction de leurs légitimes revendications. « De ce fait, nous restons déterminés à poursuivre la contestation tout en attendant de nos collègues praticiens une plus grande vigilance et un surcroît de mobilisation, seules garanties pour la réussite de notre action », a soutenu le représentant du syndicat.


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