Algérie - Revue de Presse



L'Algérie a toujours réussi le périlleux exercice de ne connaîtreque des amis et des frères; il n'existe pas, dans le monde, un pays déclaré unjour ennemi du nôtre. Même l'Empire colonial qui a combattu l'Emir s'est targuéde l'Emir Abdelkader «qui devint un grand ami de la France» et durant la guerred'indépendance, l'Algérie a compté sur «l'amitié du peuple français».Pendant la guerre froide entre les deux blocs Est-Ouest, si«techniquement» l'URSS était un «allié» naturel qui nous vendait des avions Miget des chars T, l'Amérique du patriote Kennedy restait un pays «ami», premierpartenaire économique qui nous achète d'ailleurs toujours du gaz à un prixd'ami et la neutralité politique non-alignée exonérait Alger d'ennemisidéologiques et même le «faucon likoudien» d'Israël Begin, dans un respectindirectement avoué, déclarait: «l'OLP n'est pas le FLN». Boumediène, dans unereconnaissance morale tout aussi indirecte de l'Etat hébreu, avait dit un jour:«Dans le monde, il y a deux pays qui n'ont pas des frontières fixes, le Marocet Israël».Durant la guerre israélo-arabe de 1967, les soldatsisraéliens du Canal de Suez criaient aux Algériens de l'autre rive: «Rentrezchez vous, nous ne sommes pas en guerre contre vous». A la manière desAllemands de la Grande Guerre, dans les tranchées de Verdun, qui hissaient, parleurs alliés, des soldats turcs, des drapeaux au croissant de l'Islam àl'intention des Algériens: «Nous sommes des amis, rentrez chez vous libérervotre pays». Et des Vietnamiens de Dien Bien Phu, en 1954, qui libéraientillico presto les prisonniers algériens d'Indochine. Lucky Luciano, lesuccesseur d'Al Capone qui avait réussi à noyauter la logistique de la US Armyau cours du débarquement du Sud de l'Europe, tenta la même chose sur le traficd'armes méditerranéen du FLN. Il en est vite échaudé par la réplique du Frontqu'il fit une déclaration restée célèbre: «Les Algériens, il vaut mieux êtreavec eux que contre eux». Bref, personne, même la Maffia, ne nous veut commeennemis.Lorsque l'Iran de Khomeiny (Satan pour les USA) kidnappeles diplomates de l'ambassade des USA (Satan pour l'Iran), c'est à Alger queces derniers sont remis libres car l'Algérie conserve l'amitié partagée desdeux Satans symétriques. C'est aussi à Alger que, quelques années plus tôt, lechah d'Iran, ennemi de Khomeiny mais ami de l'Algérie, rencontre pour lapremière fois et l'embrasse, son voisin ennemi, le frère Saddam. Les amis etles frères sont autant utiles en Afrique et la leçon est servie par un vieuxlion du continent, l'Ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Dans les annéessoixante-dix, le pétrole arabe qui coulait à flots abstenait la plupart despays africains à toute relation affichée avec Israël; le vieux lion choqua unjour des capitales arabes (qui ont aujourd'hui des liaisons diplomatiques avecIsraël) lorsqu'il parla de ses «amis les Israéliens». Le vieux sage calma ainsila puérile sensibilité chatouilleuse: «Si les Israéliens sont mes amis, lesarabes sont mes frères !» Les amis, dit l'adage, c'est comme les fiacres; onn'en trouve pas quand il pleut. Pendant la décennie noire, tous les amis nousont fuis et même chez nous les frères se sont divisés en deux camps: ceux quivous donnent du «Akhi» et «Ikhoua», tendance islamiste, et les autres, du «Akh»et «Khaoua», tendance FLN.





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