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Ni responsable ni coupable



Ni responsable ni coupable
A entendre parler le Premier ministre, les membres du gouvernement qui ont survécu à plusieurs changements de l'Exécutif et qui étaient déjà au gouvernement avant la crise, les parlementaires issus de la majorité et tous les autres soutiens du programme présidentiel, le pouvoir n'a aucune responsabilité quant aux sombres perspectives qui s'annoncent pour le pays. Après avoir carrément fait l'impasse sur les dangers qui guettent le pays en allant jusqu'à accuser de tous les noms d'oiseaux ceux qui cultivent le pessimisme, le gouvernement et ses relais reconnaissent désormais publiquement la gravité de la situation.Les experts sont appelés en catastrophe au chevet de l'économie malade de la mauvaise gouvernance pour un diagnostic et une thérapie douce qui tiennent compte des spécificités et des logiques populistes du système en place sur lesquelles celui-ci a bâti sa légitimité. L'histoire retiendra qu'Ahmed Ouyahia est le seul responsable à avoir reconnu officiellement devant les Algériens des erreurs commises durant l'exercice de ses responsabilités dans les institutions de l'Etat. Tout en précisant, pour relativiser cette confession-couperet, tardive, peu inédite dans le sérail, qu'il est «rentré blanc et sorti blanc» des responsabilités qu'il a eu à exercer.Pour autant, il n'a pas eu ce même courage politique pour situer les responsabilités ou du moins les causes objectives qui ont précipité le pays dans ce long tunnel duquel personne ne peut se hasarder à pronostiquer dans quel état il en sortira. Qui peut le croire un seul instant, lorsqu'il déclare avec aplomb que le «pouvoir n'est pas responsable de la crise qui affecte le pays» ' On sait parfaitement que la démission ne fait pas partie de la culture politique du système et des hommes cooptés par le pouvoir qui fait d'eux des auxiliaires serviles et dépourvus de tout esprit critique. A-t-on déjà entendu un Premier ministre, un ministre, un wali assumer courageusement son échec devant les Algériens 'La crise est, certes, une réalité objective qui n'a épargné aucun pays de la planète. Mais elle ne doit pas servir d'alibi pour justifier une mauvaise gouvernance, le manque d'anticipation et d'imagination, voire la démagogie et la gabegie dont ont fait montre nos responsables qui n'ont pas su tirer profit de l'embellie financière dans laquelle a baigné le pays durant ces quinze dernières années pour amorcer le décollage économique du pays. On se rappelle encore, et cela jusqu'à un passé très récent, comment l'argent public était dépensé sans compter, sans aucune règle prudentielle, pour acheter la paix sociale, pour forcer le destin de l'Algérie et imposer un quatrième mandat dont beaucoup avaient averti, en son temps, qu'il serait fatal pour le pays et cela pour des raisons objectives.Pour n'avoir pas de bilan à présenter en dehors de celui d'exhorter les Algériens à se préparer à une éprouvante cure d'austérité qui n'est que le résultat d'une gestion et d'un programme de gouvernement articulé autour du programme présidentiel, Abdelmalek Sellal aura bien du mal à mobiliser les énergies pour faire face à la crise. Une mission qu'il n'a pu accomplir lorsque les caisses de l'Etat étaient pleines à craquer. Dans cette conjoncture difficile, le manque de confiance, la fin de la rente pétrolière constituent les principaux handicaps du Premier ministre et de son gouvernement, voire du système.





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