Algérie - A la une



Ni boussole ni carte
L'incident protocolaire qui a parasité la première journée des travaux du Forum africain sur l'investissement et les affaires d'Alger avec la prise de parole du président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Ali Haddad, avant l'intervention de Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères, tel que prévu par le programme officiel, pose une problématique de fond : celle du rapport entre l'institutionnel et la sphère économique.Le geste du patron du FCE imputé à un couac dans l'organisation ? qu'il soit involontaire ou prémédité ? traduit, de par les remous qu'il a suscités, une réalité profonde de la gouvernance africaine. Celle des pratiques bureaucratiques et centralisatrices de la conduite des affaires de l'Etat. La libéralisation de l'économie et des énergies créatrices, qui est aujourd'hui plus que jamais une nécessité impérieuse pour faire face à la crise économique et financière structurelle qui menace dans leur existence les Etats africains, est d'abord et avant tout une affaire de volonté politique. Les carcans bureaucratiques auxquels se heurtent les investisseurs africains, dans leurs propres pays, pour porter leurs projets et pour s'implanter dans le reste du continent ne sont que des excroissance de systèmes de gestion dirigistes et fortement centralisés. Les clivages qui traversent l'Union africaine, entretenus par des régimes au service de forces extra-africaines engagées dans des luttes d'influence et de partage des parts de marché, combinés à des conflits intra-africains aux enjeux géopolitiques de puissance, sont un obstacle de taille qui empêche l'émancipation de l'Afrique sur tous les fronts. La création du Nepad était censée apporter une solution politique au développement des économies africaines, à la coopération et au co-développement intra-africain par le haut, à travers l'engagement institutionnel des chefs d'Etat africains impliqués dans ce regroupement, dont l'Algérie est membre.L'expérience a montré que cette institution sur laquelle on avait fondé beaucoup d'espoir n'a réussi ni à reconcilier l'Afrique, qui est toujours en proie à des conflits fratricides, ni à impulser la coopération économique au sein du continent et à promouvoir la démocratie participative et la bonne gouvernance politique, tel que consigné dans l'acte fondateur du Nepad. Si les autres regroupements régionaux dans le monde ont réussi à promouvoir les liens de coopération multiforme entre les Etats membres et à peser dans les relations internationales, c'est parce qu'ils ont créé, à la base, les conditions d'une intégration mutuellement avantageuse en mettant en place des espaces de coopération économique, politique, de défense commune qui transcendent les intérêts étroits des Etats-nations.Pour l'Afrique, tout reste à construire. Une volonté politique partagée au service de la coopération et de la solidarité africaines telle que prônée dans les chartes des mouvements de libération des pays africains, des régimes politiques affranchis des tutelles étrangères, des économies complémentaires et intégrées tournées vers les besoins de l'Afrique, des cadres organisationnels et institutionnels pour favoriser, à terme, la création d'un marché commun et tout ce qui peut rapprocher les peuples du continent. La mission dévolue à nos investisseurs ressemble, toute proportion gardée, à l'expédition des explorateurs du siècle dernier débarquant en terre inconnue et hostile avec pour tout bagage une boussole, une carte et un fusil.





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