Algérie

Ne pas éluder le conflit mémoriel



Leprésident Nicolas Sarkozy entame aujourd'hui dans notre pays une visite d'Etatde trois jours, qui aura été précédée en France d'une levée de boucliers contreles propos de notre ministre des Moudjahidine soutenant que «le lobby juifserait le véritable architecte de l'ascension de Sarkozy au pouvoir». Parmi lesréactions les plus virulentes, il y a eu celle du Parti socialiste, qui a toutsimplement recommandé au président français de surseoir à sa visite en Algérie,tant qu'il n'aura pas reçu des «excuses officielles». La passion polémique quis'est déchaînée des deux côtés de la Méditerranée a fait craindre un moment quel'important rendez-vous algéro-français allait s'entrouver compromis.Bouteflika et Sarkozy sont, en tant que chefs d'Etat,comptables des intérêts stratégiques de leurs pays respectifs. A ce titre, ilsont eu raison de ne pas se laisser entraîner là où les polémistes des deuxbords ont voulu les pousser: à l'annulation de leur rencontre d'aujourd'hui. Sitel avait été le cas, les relations bilatérales algéro-françaisesen auraient été pour longtemps affectées, avec tout cequ'il s'en serait découlé de conséquences négatives pour la coopération et lepartenariat entre les deux pays.Ala veille de sa visite, Nicolas Sarkozy a fait savoir qu'il «considèrel'incident clos» et «ira en ami en Algérie». De leur côté, le Président Bouteflika et les autorités algériennes lui réserveront, àn'en point douter, un accueil officiel grandiose.Celaétant, quoi de plus normal que la visite du président français en Algériesoulève ici et dans l'Hexagone des prises de position contradictoires, polémiques.Entre les deux pays, les rapports ont toujours été passionnels, heurtés, du faitd'un héritage mémoriel contradictoire qui leur sert de toile de fond. Unhéritage qui se met en travers des tentatives récurrentes que les deux Etatsont essayé d'engager pour impulser de la «normalité» à leurs relations et lier un partenariat à la hauteur de leurs ambitionsnationales respectives.Lesprésidents des deux pays ont agi avec pragmatisme face à la tempête qui s'estlevée à la veille de cette visite. Il va leur falloir cependant, d'une façon oud'une autre, aborder les sujets mémoriels. Faire comme si les affaireséconomiques et commerciales entre la France et l'Algérie comptent plus dans leurs rapports que leconflit mémoriel qui les oppose, serait à coup sûr laisser le terrain toujourspropice à de nouvelles crises et tensions entre les deux pays.NicolasSarkozy a laissé entendre que tel sera son comportement durant sa visite enAlgérie. Selon son porte-parole David Martinon, le Président français n'anullement l'intention d'éluder à Alger les questions mémorielles. Soninterlocuteur algérien ne s'en privera certainement pas de son côté. Ce qui neles empêchera pas, au-delà de leur différence de vision sur ces questions, de«regarder ensemble l'avenir» pour leurs deux pays.Lesécarter parce qu'ils fâchent, c'est renforcer les positions du camp des deuxcôtés de la Méditerranéequi ne veut pas que les relations bilatérales algéro-françaisesse développent.



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