Algérie - Mustapha Kechkoul

Mustapha Kechkoul, portrait d'une vie riche et mouvementée



Mustapha Kechkoul, portrait d'une vie riche et mouvementée
(1913-1991). Interprète, musicien et auteur dramatique.
Né à Bologhine (Alger), il fréquenta l’école coranique à M’cid Sidi Benali, pour suivre plus tard un enseignement primaire à l’école Sarrouy à la Casbah d’Alger ; une scolarité qu’il a malheureusement interrompue pour embrasser le métier de relieur en 1933, au sein de l’imprimerie Abou El Iqdhane, première imprimerie en caractères arabes qui se trouvait à la rue Hadj Omar, place Ibn Badis non loin de la place des martyrs à Alger. Il est devenu typographe bilingue en1936 au sein de la même imprimerie et a réalisé la première maquette du journal ElBaçair. Profitant de sa formation, il activait clandestinement en imprimant et en diffusant des tracts révolutionnaires. Musicien très dynamique dans le mouvement sociétaire des années trente, essentiellement dans le genre andalou, il a fait partie de la sociéte El Djazaïria dont il a été l’un des fondateurs le 27 janvier 1930. Il dut quitter cette société pour en créer une autre en 1934 sous le nom d’El Hayet qui avait pour premier président Mohamed Benteffahi. Plusieurs personnalités figuraient dans la constitution de cette société, outre son cousin Abdelhak Kechkoul qui jouait de la guitare, il y avait Mahieddine Lakehal qui faisait fonction de Cheikh (professeur) ainsi qu’Ahmed Sebti et Makhlouf Bouchara. Plusieurs noms se sont distingués grâce aux bons conseils de Si Mahieddine Lakehal. Parmi eux, Dahmane Benachour, Larbi Benachour, Sadek Bedjaoui, Mustapha Kechkoul, Abderrahmane Belhoucine, les frères Hamza (Yahia et M’Hamed), les frères Sfaxi, Amar Zemmouri dit Hibbi, Bencharif Mohamed Mezâach, Ali el Meghribi et d’autres moins connus. Musicien et chanteur andalou, il animait des fêtes familiales, des veillées de ramadan et des soirées musicales dans des cafés populaires. Il était le chanteur vedette du café de la Pêcherie et du café El Hillal à Bab El Oued et ce pendant plusieurs années. Malheureusement, aucun enregistrement de lui n’existe officiellement, sauf peut-être chez quelques rares initiés. Son orchestre était composé d’Abdelkader Benzerrouk à la mandoline, Djaïdir Hadj Hamidou au tar, Cheikh Zerrouk Koreichi à la derbouka et son cousin Abdelhak à la guitare. Il a été membre de jury de tous les festivals de la musique algérienne (chaâbie ou hawzie) qui ont eu lieu à Algerde 1966 à 1989. Il a fait partie du premier orchestre de la radio en 1947. Il jouait de la Kouitra sous la direction de Mohamed Fakhardji. Durant cette même période, il accompagnait l’ensemble musical de l’Opéra d’Alger en qualité de violoncelliste sous la direction cette fois de Mahieddine Bachetarzi. Plus tard, quand Abderrezzak Fakhardji prit la direction de l’orchestre de la radio, ce dernier lui confiait momentanément la responsabilité en son absence. Durant cette période, Jacqueline Maire, une orientaliste et compositeur connue dans le monde artistique de l’époque, pour avoir effectué beaucoup de recherches sur la musique arabe, avait pris contact avec lui, afin de lui dicter une grande partie de patrimoine musical andalou qui est aujourd’hui, fort heureusement, consigné dans des ouvrages spécialisés. Il avait gardé jalousement une copie de ces travaux qu’il aremis à l’ONDA (Office National des Droits d’Auteurs). Il a effectué son service militaire à Constantine en 1938 et le 16 avril 1940, il y était toujours. Ce qui lui a permis d’assister aux obsèque de Cheikh Abdelhamid Ibn Badis. De retour du service, il réintègre l’imprimerie et son métier de typographe, pas pour très longtemps et ce, jusqu’en février 1943. Il est recruté en qualité de discothécaire à Radio-Alger aux côtés de Boudali Safir qui était alors directeur artistique. Il a fait fonction de représentant de deux grandes sociétés d’éditions : Teppaz et Pacific, pour lesquelles il pourvoyait aux choix des artistes et à la finalisation de convention avec eux. Il a assuré également pour Radio-Alger, la conception et l’organisation du Music-Hall, qui est l’ancêtre d’Alhane oua Chabab et qui avait lieu tantôt au cinéma El Djamel (Soustara) tantôt au cinéma Dounyazad géré à cette époque par Moufdi Zakaria et Ahmed Tewfik El Madani. Il est utile de rappeler que Dounyazad a été le premier cinéma à Alger à avoir projeté des films arabes. L’arrière-pensée nationaliste en était le véritable motif. Auteur dramatique, il a écrit une multitude de pièces pour la radio et plus tard pour la télévision. Il avait une particularité tout à fait originale, du fait de sa position à la radio, de ne pas signer ses œuvres. On lui connait, malgré tout, deux pièces célèbres : Dawlète Ennissa (L’Etat des Femmes) et Ya Djnoune (Les diables), dans lesquelles jouaient Sissani, Habin Réda, Mahieddine Bachetarzi, Sid Ali Haouti dit « Fernandel », Tayeb Abou El Hassen, Touri, Latifa, Keltoum et Abderrahmane Aziz. La composition musicale était signée par Skandrani. Il a conçu également entre autres, de nombreux sketches et deux émissions célèbres : Ftour Essaymine qu’il a produit avec la collaboration de H. Hachelaf, Mohamed Ouniche et Ali Abdoun ; El Kassa qui était une émission critique et allégorique dont le succès dépassait toutes les prévisions. Hadj Mustapha Kechkoul est considéré comme le fondateur de la phonothèque de la radio, au sein de laquelle il a exercé depuis le mois de février 1943, c’était à l’époque de Radio-Alger, jusqu’à sa retraite en 1975. Il meurt le 9 Septembre 1991 à Alger.






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