Algérie

Musique kabyle : Le procès de Brahim Tayeb



Le chanteur Brahim Tayeb a été l’invité de la rencontre « Paroles aux artistes », organisée mensuellement par Slimane Belherat à la maison de la culture de Tizi Ouzou.

L’invité du mois a été particulièrement acerbe envers le public kabyle et en a offusqué plus d’un en minimisant les œuvres de Matoub Lounès et de Idir. Le public a été nombreux à assister à cette 2e édition de cette année. Brahim Tayeb était à l’aise pour présenter son nouvel album, intitulé Tikhras (laisse-le). A travers ses nouvelles compositions, il voudrait forger son propre style, imposer sa personnalité sur la scène artistique. Parlant de Matoub et de Idir, il dira : « Il y a des chansons que j’aime et d’autres pas. Par exemple, chez Idir, je n’aime que la voix de Zahra qui reprend le refrain dans Ava Inouva. » « Si vous voulez aimer mes chansons parce que j’aime ce que vous aimez, alors je n’ai pas besoin. Ne m’aimez pas ! », dit-il à une assistance qui réplique par un tonnerre d’applaudissements. Le chanteur d’une extrême sensibilité (il est non-voyant) perfectionne au fil des albums son style musical fondamentalement oriental et dépouillé pour de nombreux titres de l’authenticité qui particularise la chanson kabyle. « Je n’ai pas changé de style. Mes chansons d’avant étaient courtes mais quand même liées par le thème. Etant donné qu’un album comprend 40 mn, composé de plusieurs chansonnettes, l’artiste ne peut pas donner libre cours à sa sensibilité. Dans mon précédent album, Intas, j’ai recherché l’originalité et Tikhertas en est l’aboutissement logique aujourd’hui », dit-il. Il est incontestable que Brahim Tayeb se singularise par son approche de la chanson. Pour lui, il faudrait que l’artiste crée et que le public suive, et non pas l’inverse. Les risques de tomber dans la médiocrité sont en effet évidents à son avis. A une question sur la chanson kabyle, il dira froidement : « La chanson kabyle n’existe pas. Ce qui existe, c’est une chanson algérienne d’expression kabyle. Car, pour affirmer le contraire, il faudrait disposer d’un public qui porte et soutienne la chanson en achetant le billet pour un concert ou acheter sur le marché les produits d’origine et non pas ceux qui sont piratés. Et là, je fais votre procès à tous. » Brahim Tayeb dit qu’il se bat inlassablement pour la musique. Son dernier album est incomparable sur le plan acoustique, mais il est évident qu’il ne s’adresse pas au public qui aime la variation musicale et le rythme.
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