Algérie

Mouvement El-Islah Les explications de Djaballah


Abdellah Saâd Djaballah estime continuer à détenir légalement tous ses pouvoirs de président du Mouvement El-Islah, tant que la justice continuera d'entretenir la confusion dans le contenu des arrêts qu'elle émet dans une affaire qui dure depuis 39 mois. C'est dans une conférence de presse qu'il a animée hier, au siège de son parti à Bir Mourad Raïs, que Djaballah a tenu à expliquer «juridiquement» le contenu de l'arrêt que le Conseil d'Etat a pris mardi dernier, relativement au conflit l'opposant à ses dissidents. Il insistera beaucoup sur le fait que ce n'est pas un conflit de personnes. «Mon problème n'est pas avec des personnes ou des militants de mon parti, mais avec le système politique dont le pouvoir exécutif fait dans l'arbitraire et la hogra», n'a-t-il eu de cesse de répéter. Il fera remarquer qu'à ce jour, il n'a pas été destinataire de l'arrêt auquel il fait référence, «mais que nous l'avons eu par d'autres voies que celles de la justice». Une autre preuve à ses yeux que «le pouvoir exécutif joue à un jeu malsain». C'est dans le détail juridique que Djaballah expliquera les nombreuses maladresses, ambiguïtés et confusions qui ont émaillé les décisions prises par le ministère de l'Intérieur contre sa personne en tant que président de parti. A demi-mot, Djaballah laisse entendre que le groupe qui lui crée des problèmes est instrumentalisé par le pouvoir exécutif qui n'est autre - quand lui-même le précise - que «le ministère de l'Intérieur avec à sa tête son premier responsable, Nouredine Yazid Zerhouni». Rompu à la jurisprudence et au juridisme de par sa formation, c'est par «des remarques d'ordre strictement juridique» que Djaballah a déclaré «je tiens aujourd'hui à démontrer qu'il n'y a pas de séparations des pouvoirs judiciaires et exécutifs et que le second instrumentalise le premier pour faire dans l'arbitraire, la violation des libertés et la confiscation des droits». Il l'a fait aussi quand il a décortiqué par plusieurs lectures, tous les arrêts qui ont été pris dans l'affaire d'El-Islah qui, a-t-il dit, «dure depuis 39 mois». Arrêts, notamment le dernier en date, qui ne comportent pas selon lui, d'éléments de motivation expliquant sa teneur. «Ce qui fait que la confusion continue d'être entretenue et puisque c'est le cas, elle est en ma faveur». L'arrêt du Conseil d'Etat estime que l'appel introduit par Djaballah n'a pas d'objet. Ce qui lui fait dire que «ceci nous oblige à revenir à l'arrêt de juin 2006 ordonnant le gel de mes activités, des comptes financiers du parti et des préparatifs du congrès que j'avais entamés». Là aussi, Djaballah trouve une autre importante brèche dans laquelle il s'engouffre pour renverser la vapeur à son profit. «Mais quand on se réfère à cet arrêt, il ne dit pas explicitement qui est Djaballah, en tant que quoi il lui est ordonné de geler ses activités, quel numéro de compte doit-il être gelé... Enfin, rien ne montre qu'il me concerne en tant que président d'El-Islah, j'ai aussi d'autres activités». conclut-il. Il estime ainsi que «tout lui permet aujourd'hui de revenir à la situation du parti d'avant le conflit, c'est-à-dire, je reste détenteur de mes pleins pouvoirs en tant que son président». Mais ceci ne lui permet pas d'activer pour en préparer le 1er congrès. «Je ne suis pas fini politiquement»   «Nous ne pouvons tenir notre congrès que lorsque le Conseil d'Etat nous rendra destinataire de son dernier arrêt», a souligné Djaballah. Quand au congrès qui a été organisé par ses dissidents en mars 2007, bien qu'il fait part d'une décision du ministère de l'Intérieur qui habilite la direction instituée à sa faveur, à gérer les activités du mouvement El-Islah jusqu'à ce que le conflit soit tranché par la justice, il fait remarquer qu'une telle décision est nulle, «dans la mesure où le responsable de ce groupe a été exclu du parti en mai 2006 sur décision de la cour d'Alger». Djaballah est convaincu que «s'il y a deux ailes qui s'affrontent au sein du parti, c'est parce qu'il y a deux volontés une, la mienne qui veut faire d'El-Islah, un parti crédible, libre et indépendant, et la seconde, qui veut qu'il soit inféodé au pouvoir exécutif dont l'objectif est de régenter l'ensemble de la société pour la tenir à sa merci et la mettre à son seul service». C'est le deuxième parti que Djaballah préside en étant confronté à des coups d'Etat successifs qui lui sont fomentés de l'intérieur de ses rangs. C'est ainsi qu'il a perdu en premier la bataille pour Ennahdha au profit, à l'époque, de son rival Adami. Connu pour être un pur et dur islamiste, Djaballah semble faire peur au pouvoir. Si les militants de l'ex-Fis chercheraient à s'infiltrer pour élire refuge dans des partis comme le MSP ou le FLN, en raison de leur proximité avec la mouvance islamiste, c'est dans El-Islah d'un Djaballah connu pour être un pur produit de l'islamisme radical, qu'ils se (re) constitueraient comme force agissante. Selon des observateurs, les repentis et les bénéficiaires des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale suivraient exactement le même chemin. Djaballah l'a certainement compris quand on l'entend dire que «mon combat est pour préserver la religion, la patrie et la Nation, elles existent toutes les trois donc mon combat existera toujours». Pour lui, les choses sont telles que «si je plie l'échine et me met au service du pouvoir, j'aurais tout ce que je voudrais, ils me le l'ont demandé à plusieurs reprises». Mais, dit-il, «Djaballah ne finit pas politiquement par la force du ministre de l'Intérieur, je continuerais à lutter pacifiquement, je ne suis pas adepte de la violence». Non sans ajouter «ma crédibilité m'a été assurée par mes longues années de militantisme et mon combat pacifique. Je continuerais à être ainsi en attendant de voir l'issue de cette cabale judiciaire...».


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