Algérie

Mostaganem-Festival du théâtre amateur, des questions sans réponse



Annoncé par les organisateurs pour être un véritable come-back, le retour sur les planches mostaganémoises de la troupe Kateb Yacine de Sidi Bel Abbès aura déçu du monde.Interprétant une pièce intitulée Rouba qui est, à la fois une ville, une jeune fille ou peut-être l’Algérie, qui se tord sous la douleur d’une grossesse inavouée, voire illégitime, l’auteur aura laissé le champ libre à toutes les interprétations et à tous les amalgames.

Le public, qui avait pris connaissance des questions rapportées dans le synopsis, était en droit de trouver une réponse à la fin. Malheureusement, les éléments de réponse, même embryonnaires, voire fragmentaires, il les attendra longtemps encore. Tout laisse croire que ces questionnements de départ n’ont aucun lien avec la pièce, si ce n’est celui de l’effet de manche dans le but évident de s’attacher les bonnes grâces du public. Lorsque l’on se pose la question de la différence entre la résistance et le terrorisme, entre la violence et le djihad et que l’on prétend, par la suite, que l’histoire, censée répondre à ces questions existentielles, se déroule dans un village ayant subi les affres du terrorisme auquel aura répondu une résistance populaire, il est pour le moins déroutant de se limiter à un échange d’une insoutenable platitude entre deux comparses et leur prisonnier. Le « savant », qui prépare une bombe que son acolyte se propose d’aller faire exploser dans une rue principale du village, se laisse finalement convertir par le prisonnier —amoureux de Rouba dans la vie courante — à plus de sagesse. Pris d’un soudain remords, alors qu’il venait tout juste de confier la bombe au kamikaze, il finit par se révolter pour ensuite tuer ce dernier et éviter un carnage. Faire croire que les processus psychiques qui transforment un être humain en bombe, capable de massacrer d’innocentes personnes, sont réversibles avec autant de facilité, c’est se tromper de registre. Le public lui ne s’était pas retrouvé dans cette illustration approximative et réductrice de la décennie noire. Seul le décor, une grotte totalement envahie par des toiles d’araignée, était plausible dans cette pièce écrite par Boussehla Houari Hichem et réalisée par Lesfar Bekhaled. Pour les deux compères, auxquels il est vivement recommandé d’être plus convaincants et surtout plus méthodiques, leur seul mérite, c’est d’avoir osé aborder un sujet dont la dernière loi sur la réconciliation interdit toute évocation. Cela pouvant expliquer cela. Il reste que, lorsque dans la pièce les protagonistes parlent de l’ennemi, personne n’est en mesure de l’identifier. Un amalgame de trop qui rend la pièce franchement désagréable, voire équivoque.

 


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