Algérie

Monographie de la ville




« La cité du Savoir, du raffinement et des bonnes manières. », Yahia Ibn Khaldoun.
« L'Algérie n'a pas, à proprement parler, de citadins, sauf à Tlemcen. », E.-F. Gautier, Les siècles obscurs du Maghreb.

Située au carrefour des routes qui menaient du Maroc à l'Algérie et de la Méditerranée au Sahara, Tlemcen eut un rôle culturel et commercial considérable. En 1248, elle forma un royaume berbère, indépendant de l'empire des Almohades et devint la capitale du royaume abdelwadide qui s'étendit au XIVe siècle à la plus grande partie de l'Algérie actuelle. Tlemcen qui, déjà au XIIe siècle était un centre religieux, devint alors un foyer de culture islamique très important et rayonnant sur tout le Maghreb, rivalisant avec Fès, Grenade, Tunis et Damas. Au XVIe siècle et pendant une courte durée, elle passa sous la souveraineté du gouverneur espagnol d'Oran puis, sous la domination d'Arudj Barberousse qui fut fait prisonnier à Tlemcen en 1518, et fut tué. Et enfin des Turcs en 1553.
La mosquée de Sidi Boumédiène

Cette mystique capitale de l'Ouest oranais a longtemps été considérée comme la « Jérusalem du Maghreb » parce que les Musulmans et les Israélites y ont gardé leurs lieux saints. Djéma el Kébir, la Grande Mosquée, bâtie au XIe siècle, admirablement ornée par des artisans tlemceniens et cordouans, moderne de lignes est un pur joyau de l'architecture du Maghreb. La mosquée de Sidi Boumediene qui a été construite au XIVe siècle par un sultan de Fès, le « sultan noir », de pur style hispano-mauresque, comme à Fès ou à Grenade. Le minaret est orné de briques et de céramiques polychromes. Mais le patron de la ville a d'abord était Sidi Halaoui et dont le marabout est enfoui dans les luxuriants jardins d'Agadir (ville musulmane construite sur l'emplacement de la Pomaria romaine et dont il ne reste que des vestiges près desquels se trouve Tlemcen, rien de commun avec le port marocain), où les femmes stériles vont, de nos jours encore, boire l'eau de son puits, sept mercredis de suite, après avoir déposé leur ceinture dans la Koubba de Lalla Setti.
Si la présence arabe, porteuse de la foi islamique et de la civilisation orientale aux populations berbères autochtones, ne remonte qu'au VIIIe siècle, l'origine des communautés juives en Afrique du Nord a été constaté plus de dix siècles avant Jésus-Christ, et leurs colonies étaient déjà nombreuses sous l'occupation romaine, d'abord sur le littoral puis dans l'intérieur du pays. Longtemps, les juifs n'eurent pas le droit de résider à l'intérieur des murs de la Cité. C'est seulement en 1393, grâce aux mérites du rabbin Ephraïm Enkaoua, qu'ils furent autorisés à franchir les remparts. Ils y vécurent en vase clos, dans le mellah (« ghetto ») jusqu'à l'arrivée des Français, mais ils sont toujours restés attachés à la langue arabe.

De toutes les villes de l'Ouest oranais, Tlemcen est celle qui fut la moins pénétrée par l'immigration espagnole. La limite de cet exode ibérique du milieu du XIXe siècle semble avoir été la région de El-Malah (Rio salado), Sidi-Bel-Abbès et Beni-Saf.
Cependant, l'influence andalouse, à Tlemcen, remonte au XIIe siècle, lorsque la reconquête dirigée et achevée par les rois catholiques fit refluer sur l'Afrique du Nord les Moros (maures) qui sont à l'origine de ces communautés andalouses que l'on retrouve de Fès à Bizerte et qui ont gardé, avec les clés de leurs maisons abandonnées à Cordoue, Grenade ou à Malaga, leur folklore musical et poétique. Tlemcen est en permanence liée à l'Espagne musulmane par des échanges culturels, commerciaux et en lui apportant une aide militaire contre la Reconquista Chrétienne. Beaucoup de Sultans de Tlemcen furent élevés dans les cours de l'Andalousie, comme Abou Tachfin, Sultan Abdalwadide élevé à la cour nasride de Grenade. D'ailleurs Boabdil, dernier Sultan de Grenade, mourra au mois de mai 1494 près de deux années après la chute de Grenade. Il avait à peine 40 ans. Sa mère décédera une année avant à Tlemcen qui accueillit tout l’entourage de Boabdil, son épouse Meriem (la sultane Moriama) et ses sœurs appelées les « reines maures ». Dans la nouvelle « Grenade Africaine » une très forte colonie d’andalous y trouvera la paix dont de nombreux juifs fuyant l’inquisition des rois catholiques pendant la reconquista et avant, depuis également la chute de Cordoue en 1232. Avec ces exodes, c'est une partie de la mémoire andalouse qui va également émigrer dans cette ville. Elle en sera avec Fès, la ville héritière de l’Andalousie de son art de vivre, de ses legs philosophique et artistique.
Minaret des ruines de Mansourah, une des plus grande mosquée qu'ai connu l'Algérie
Minaret des ruines de Mansourah, une des plus grande mosquée qu'ai connu l'Algérie

Tlemcen est la capitale de la musique arabo-andalouse en Algérie. Elle est le berceau de grands artistes de ce genre musical. Deux anciennes écoles de musique arabo-andalouse existent en Algérie. Celle de Tlemcen et de Constantine. L'école d'Alger ne fut fondé que tardivement sous l'influence de l'école de Tlemcen. Tlemcen est aussi le berceau et la capitale du Hawzi, un autre genre musival qui découle de la musique andalouse et qui se répandit au Maghreb surtout grâce au grand poète musicien BenMessaîb (XVIIe S).

Il y a, sur la route du Maroc, les ruines imposantes de Mansoura la Victorieuse, cette métropole provisoire de brique rouge qu'Abou Yacoub, dit El -Mansour (le victorieux), construisit à portée de flèche de la capitale du Maghreb central qu'il voulait conquérir et qui devint, après la prise de Tlemcen par le sultan marocain Abou Hassen, et pour une très courte durée, le siège du gouvernement mérinide pour le Maghreb central. À l'hiver très froid, neigeux en raison de l'altitude (plus de 800 m) mais ensoleillé succédait un printemps précoce qui faisait éclore, dès le mois de février, les fleurs de cerisiers et des pêchers. C'est ensuite la célèbre fête des cerises qui amenait à Tlemcen des dizaines de milliers de visiteurs.

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