Algérie - Aït Iraten



Le Printemps noir (en kabyle : Tafsut taberkant) était une série de violentes émeutes et manifestations politiques de militants kabyle dans la région algérienne de Kabylie en 2001, qui ont été accueillies par des mesures policières répressives et sont devenues un puissant symbole du mécontentement kabyle avec le gouvernement national. Les manifestations ont eu lieu sur fond de marginalisation culturelle de longue date du peuple Kabyle, un groupe linguistique berbère homogène en Algérie, bien que les plus rigides mesures d'arabisation du gouvernement, des années 1960 à 1980 aient été levées. Le nom "Printemps noir" fait allusion aux événements connus sous le nom de Printemps berbère des années 1980, où des activistes de la société civile, principalement kabyles, ont contesté l'interdiction de la culture berbère alors en place, exigeant les droits culturels et la démocratie
18 avril 2001, Massinissa Guermah, un jeune lycéen âgé de 18 ans1, est tué d'une rafale d'arme automatique par les gendarmes dans les locaux de la gendarmerie de Beni Douala (Ath Dwala) en Kabylie. Cet événement — qui s'inscrit dans une série de manifestations hostiles à la jeunesse de la part des forces de l'ordre — est l'élément déclencheur de l'insurrection kabyle. Des manifestations sont observées dans la région du drame, mais les sages2 continuent d'appeler au calme afin d'éviter un bain de sang.

Le 21 avril 2001 vers 11h du matin, la gendarmerie d'Amizour interpelle 3 élèves alors qu'ils sont en route pour le stade municipal en compagnie de leur professeur de sport et de leurs camarades de classe. L'information fait le tour de la wilaya et des professeurs se mobilisent afin qu'un tel évènement ne puisse plus se reproduire.

Le 22 avril 2001, à l'appel de leurs syndicats, les représentants des professeurs de tous les établissements d'Amizour se réunissent au Collège d'enseignement moyen 600/200. Ils appellent à un rassemblement massif pour le lendemain. Des escarmouches sont observées sans aucune gravité. Le soir de la même journée, le ministre de l'Intérieur, reprenant les informations du communiqué rendu public par le commandement de la gendarmerie nationale sur la mort de Guermah, déclare que ce dernier était « un délinquant de 26 ans ». À la suite de cette déclaration, la presse publie le bulletin de naissance de la victime, prouvant qu'il s'agit en réalité d'un lycéen de 18 ans.

Le 23 avril, des milliers de citoyens affluent vers Amizour, qui ne tarde pas à s'embraser. De violentes émeutes ont lieu pour dénoncer les injustices et les abus d'autorité. De nombreux bâtiments officiels sont détruits par le feu ou pris d'assaut par les jeunes émeutiers. Ces manifestations sont réprimées par les forces de l'ordre (notamment la gendarmerie nationale) qui tirent à balles réelles sur les manifestants ; pour la plupart, des collégiens ou des lycéens. On décompte plus d'une quarantaine de morts et des centaines de blessés, rien que pour les journées du 25 au 28 avril 2001.

Mai 2001
Durant le mois de mai, et en l'absence d'une réaction politique rapide et réfléchie pour ramener le calme, les affrontements se font d'une rare intensité et la répression est tout aussi violente, émaillée par le pillage de magasins et de domiciles en représailles.

Les gendarmes font 15 nouvelles victimes et des dizaines de blessés. Le mouvement s'organise et crée la Coordination des âarchs, daïras et communes (CADC

Juin 2001[modifier | modifier le code]
Le 14 juin, une imposante marche converge vers Alger pour remettre au président Abdelaziz Bouteflika un texte de revendication, la Plate-forme d'El Kseur3, qui sert de base au Mouvement citoyen des Aarchs. Les manifestants ne sont pas reçus et sont stoppés par les forces de l'ordre. La répression fait 8 victimes, et 130 personnes sont portées disparues — elles seront soit retrouvées mortes, soit hospitalisées dans les alentours, soit mises en garde à vue. De nombreux affrontements vont succéder à cette manifestation, entraînant des dizaines de morts, des centaines de blessés et de multiples arrestations. Le premier ministre Ali Benflis tente d'ouvrir le dialogue avec les âarchs, mais sans succès. Au cours de cette manifestation, plusieurs bâtiments publics et privés sont détruits par les manifestants.

Aussi les forces de l'ordre vont-elles piller des maisons et des magasins, et organiser des raids nocturnes dans les villages, à la recherche des émeutiers, notamment ceux identifiés comme étant les meneurs du mouvement4

Finalement, la président algérien Abdelaziz Bouteflika a accepté certaines revendications des kabyles. Les gendarmes ont été retirés de la Kabylie, et la langue berbère (Tamazight) a été fait langue nationale dans la Constitution algérienne de 2002 (mais langue officielle en 20166).

Les partis politiques berbères traditionnels, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) de Saïd Saadi et le Front des forces socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed ont été en partie marginalisés par l'activisme radical et les formes violentes de protestation. Au contraire, de nouveaux mouvements se sont manifestés dans la politique kabyle: le mouvement Âarch (Arouch) et le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), dont les ambitions d'autonomie régionalistes ont marqué une nouvelle évolution de la politique kabyle.



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