Algérie - A la une


Moines de Tibhirine
L'avocat des familles des victimes, maître Patrick Beaudoin, a dénoncé hier, lors d'une conférence de presse à Paris, une «confiscation des preuves» par Alger.Pour lui, il y a anguille sous roche. Soit la partie algérienne fait de l'obstruction gratuitement, soit elle a quelque chose à cacher. Tout en reconnaissant que les opérations d'autopsie se sont déroulées dans de bonnes conditions et dans une ambiance marquée par la gravité du moment, il a en revanche indiqué que celles-ci se sont finalement achevées sur un refus de la partie algérienne de remettre les prélèvements à la partie française. «On est en train de nous priver des preuves, a déclaré l'avocat. Il y a une confiscation de ces preuves par les autorités algériennes et donc une poursuite du blocage et des entraves que nous avons constamment rencontrées» depuis le début de cette affaire.Me Beaudoin s'est ensuite demandé pourquoi les autorités algériennes se comportent de la sorte, d'autant que les prélèvements ont été faits en double, une fois pour la partie algérienne et une autre pour la partie française. Il a mis en garde contre un risque de disparition des preuves si celles-ci ne sont pas analysées d'ici trois à quatre mois. «Ce qui a été constaté était de nature à comprendre vraiment les conditions dans lesquelles ont été tués les moines de Tibhirine. Chaque famille a donné son test ADN pour permettre d'aider à arriver à cette vérité», a-t-il ajouté.Par ailleurs, le même avocat a indiqué que les premiers éléments de l'enquête montreraient qu'il n'y a pas eu d'impact de balle sur les têtes des moines, du moins sur cinq d'entre eux, ce qui exclurait peut-être la thèse de la bavure militaire, selon lui. En revanche, il a de nouveau posé la question de savoir si la décapitation des religieux a eu lieu avant ou après leur mort, avant de répondre, citant les experts français, que la décapitation aurait apparemment eu lieu après leur mort. L'autre question soulevée par l'avocat des familles des moines concerne la date de l'annonce de la mort des religieux, c'est-à-dire le 21 mai 1996.Selon Me Beaudoin, la mort serait intervenue avant, c'est-à-dire en avril 1996, comme l'aurait confié un émissaire qui avait pris attache, au moment des faits, avec l'ambassade de France à Alger. «Les experts ont retrouvé sur les crânes des moines des bulbes de mouches. Ce qui permet de déterminer la date exacte de leur mort», remettant en doute, du coup, le communiqué du GIA du 21 mai 1996 qui annonçait la mort des sept moines. «Nous disons aux autorités algériennes ou bien vous persistez dans votre position qui n'a aucune base juridique, ou bien vous avez quelque chose à cacher», a expliqué Me Beaudoin. Et d'ajouter : «Nous allons saisir le président Hollande pour lui demander de nous aider à débloquer la situation et pour qu'Alger nous fasse parvenir les prélèvements. Nous voulons connaître la vérité».La même demande a été formulée par Françoise Boijeaux, membre de la famille d'un des moines de Tibhirine, qui a soutenu que les moines aimaient l'Algérie et choisi de rester aux côtés des Algériens durant la décennie noire. «Nous n'avons rien contre les Algériens. Au contraire, nous partageons avec eux une grande amitié et nous les respectons. Nous voulons juste connaître la vérité. Nous défendons la justice car c'est un pilier de la démocratie». Et d'insister : «Nous n'avons aucun esprit de revanche. Nous voulons seulement connaître la vérité, même si Bouteflika a déclaré une fois que toute vérité n'est pas bonne à dire?» Paris.


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