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Moi, Samuel Crettenand, je ne fais que mon devoir



«Moi, Samuel Crettenand, dans cette Suisse au-dessus de tout soupçon, je ne fais que mon devoir. Et chaque jour que Dieu fait, je vais de ville en ville, de canton en canton, muni d'un panneau affichant les chiffres actualisés des enfants palestiniens morts sous les bombes israéliennes dans l'enclave martyre de Ghaza. Quotidiennement, je mets à jour ce décompte macabre. En moyenne, 144 enfants palestiniens y sont tués chaque jour par Israël, soit un enfant toutes les 10 minutes. Depuis le 12 décembre 2023, je fais la grève de la faim pour sensibiliser les habitants de mon pays et la population européenne en général sur la situation dramatique que vivent les Ghazaouis. Plusieurs médias helvétiques ainsi que la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera m'ont consacré un reportage.Ghaza, j'y suis allé pour la première fois en 2006 dans le cadre d'une mission archéologique et c'est à cette occasion que je me suis lié d'amitié avec Fadel, un collègue archéologue ghazaoui auquel je n'ai pas arrêté de penser depuis l'invasion israélienne de sa ville et avec lequel j'ai réussi finalement à renouer contact. Depuis, il me met régulièrement au courant de l'enfer sans nom dans lequel ils vivent, lui et ses compatriotes. La souffrance des populations dans la bande de Ghaza est en grande partie ignorée en Occident. Je fais de mon mieux pour conscientiser l'opinion publique à travers les réseaux sociaux. Fadel, avec son téléphone portable, filme régulièrement son quotidien, sa lutte constante pour trouver nourriture et abri. La bande de Ghaza fait à peu près la taille du lac de Neuchâtel. Les 2,3 millions de Palestiniens qui y vivent ont été contraints de se rassembler dans un espace minuscule, au centre et au sud du territoire, souvent sans un toit au-dessus de la tête. Fadel m'a montré des enfants réduits à brûler leurs cahiers d'école pour se chauffer. Ces enfants auraient pu être les miens. Ces enfants auraient pu être les vôtres.
Tant que j'aurai assez d'énergie, je jure que je ne m'arrêterai pas et que je continuerai mon combat, même si mon action prise toute seule ne va pas changer grand-chose. Comme le disait l'écrivain Max Frisch : «Il y a des choses pires que le bruit des bottes. Le silence des pantoufles.» J'ai passé la dernière nuit de Noël devant le Palais des Nations Unies à Genève. Il faut que l'ONU ait le courage de qualifier de génocide l'opération de l'armée israélienne à Ghaza et d'appeler à un cessez-le-feu immédiat. Je sais qu'aujourd'hui, dans cet Occident au-dessus de tout soupçon, dès que vous apportez votre soutien aux Palestiniens, vous êtes associé à l'islamisme et au terrorisme. Je ne suis pourtant qu'un modeste défenseur de la paix et de la justice et il est important pour moi que mon ami Fadel, dans les moments très difficiles qu'il traverse, sache que je ne l'ai pas oublié et que je n'ai pas failli à mon devoir.»
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