Algérie - A la une

Mohamed Aïssa et la voix de Billal




Il ne doit pas y avoir beaucoup d'Algériens à angoisser pour le nom du muezzin qui officiera aux appels à la prière à partir de la Grande Mosquée d'Alger dont l'inauguration serait imminente, selon le ministre des Affaires religieuses. Il se peut même qu'il n'y en ait aucun. D'abord parce qu'il devrait être bien malin celui qui a en tête un nom célèbre de la «spécialité» que les «compétences» et les états de service destineraient de manière méritoire à l'honneur de la fonction plus que les autres. Ensuite, les Algériens n'ayant pas l'habitude de voir leur avis pris en compte sur des questions autrement plus importantes, ils ne vont pas s'inventer des colères qu'ils ne couvent pas, au point d'attendre des explications sur des décisions dans une question dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle est le dernier de leur souci. On aurait donc pu désigner le muezzin de la nouvelle mosquée dans la discrétion des affaires courantes, comme on a déjà certainement nommé l'imam «vedette», le préposé à la bibliothèque, l'administrateur, les femmes ou les hommes de ménage et personne n'aurait trouvé à redire. Parce que si Mohamed Aïssa se souciait de l'avis de ses compatriotes, concernant cet édifice, il n'aurait pas besoin d'effort particulier pour savoir ce qu'ils en pensent et ce qu'ils en disent. Les Algériens se posent plutôt des questions sur la «pertinence» et l'utilité d'un tel gigantisme à un moment où ils attendaient des réalisations vitales qui leur manquent terriblement. Les Algériens se perdent comme des écoliers faibles en arithmétique quand ils essaient de calculer en milliards de centimes le coût de la bâtisse et ses multiples démembrements. Les Algériens s'amusent sans être amusés à convertir en nombre d'hôpitaux, en nombre de salles de spectacles, en nombre de stades, en nombre de crèches et en kilomètres d'autoroute ou de voies ferrées et se sont surpris à rêver. Les Algériens ont beaucoup parlé de l'octroi du marché et ce qui pouvait en découler. Les Algériens se sont intéressés aux surcoûts et à la budgétisation à rallonges multiples. Ils ont évoqué le retard dans sa réalisation et ce qu'il cache. Ils ont pensé aux arrière-pensées politiques qui ont pour l'essentiel motivé l'entreprise du projet. Tout ça, les Algériens l'ont dit même si personne n'a demandé leur avis. Alors, le ministre des Affaires religieuses doit forcément savoir ce qu'ils doivent penser, maintenant qu'il est venu leur «expliquer» le choix du muezzin, en se découvrant en plus une vocation d'érudit. L'heureux élu serait donc, selon Mohamed Aïssa, celui dont la? voix serait la plus proche de celle de Billal, un célèbre muezzin, contemporain du Prophète? mort depuis 14 siècles. Ce n'est pas quand ils s'essaient à l'humour que nos gouvernants font rire les Algériens, c'est quand ils sont ? sérieux !S. L.
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