La commune mise à rude épreuve
La journée d?information consacrée hier aux nouvelles lois relatives à l?aménagement, l?urbanisme, la production architecturale et l?exercice de la profession d?architecte a été l?occasion pour le wali de Constantine de dresser un sévère constat de la situation du secteur. La dégradation sans précèdent du tissu urbain et du cachet architectural de Constantine est, selon Tahar Sekrane, la conséquence d?une décennie de laisser-aller due à la faiblesse de l?Etat. L?absence totale de contrôle, la non-implication des professionnels et l?insuffisance du dispositif légal ont fait que l?anarchie a fini par l?emporter et devenir la règle, d?où l?émergence de quartiers entiers construits loin des normes et du b.a.-ba même de la construction. Sans complaisance, les institutions locales, à commencer par les APC, sont montrées du doigt et citées comme étant responsables en grande partie de cette situation. Il citera en exemple les différentes opérations menées sur le terrain pour empêcher les contrevenants de terminer leurs chantiers non autorisés, mais qui se sont soldées à chaque fois par l?échec à cause de l?absence de suivi. Les dégâts occasionnés par les crues des oueds sont également mis sur le dos des services communaux qui ne font pas leur travail afin de mettre fin à l?improvisation des apprentis maçons. Pour s?en défendre, les responsables des APC ont brillé par leur absence, mais cela dit, ils n?étaient pas les seules cibles du wali. Ce dernier n?a pas ménagé non plus les responsables du registre du commerce qui, dira-t-il, « ne nous ont pas aidés et délivrent le document avec le seul souci de rentabilité à des exploitants qui n?ont pas achevé leurs constructions ». Les citoyens sont également tenus responsables des dégâts, à l?image de ceux du fameux immeuble 10 de Réghaïa qui s?est effondré lors du séisme du 21 mai 2003 par la faute des habitants du rez-de-chaussée qui ont supprimé des murs porteurs. Cet exemple n?est pas étranger à ce qui arrive à Constantine depuis que cette pratique a pris de l?ampleur durant le mandat communal précédent. C?est à ce moment que beaucoup d?appartements en rez-de-chaussée se sont transformés en commerce, notamment dans les anciennes cités telles que Djenan Ezzitoun et Filali avec des permis assez louches. Paradoxalement, les services de la police de l?urbanisme n?interviennent pas tel que l?exige la situation, mais ceux-ci pourraient avoir un rôle bien plus important avec la mise en application des lois 04-05 et 04-06 votées en août dernier et censées mettre un peu d?ordre dans ce domaine après la catastrophe du séisme d?Alger et de Boumerdès. Parmi les objectifs de ces nouveaux textes, citons l?introduction de la notion de risques naturels et technologiques impliquant la désignation de bureaux d?études pluridisciplinaires, l?obligation d?élaborer le permis de construire conjointement par un architecte et un ingénieur et, enfin, le renforcement des mesures de contrôle des infractions. En attendant une rencontre plus importante, prévue prochainement avec le ministre de l?Habitat, l?assistance a eu droit à l?explication des deux textes avant de passer au débat. Cependant, il est à noter la présence assez timide des architectes et des ingénieurs concernés en premier lieu par l?initiative.
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Posté Le : 21/10/2004
Posté par : sofiane
Ecrit par : N. Nesrouche
Source : www.elwatan.com