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"Modérés" disent-ils!



Depuis quelques années, une curieuse notion circule dans les milieux diplomatiques et politiques et les médias occidentaux: la qualification de «modérés» donnée à des islamistes et à des rebelles. Le mot «modéré» est sur toutes les langues et les Obama, Hollande, Merkel, Cameron - le quatuor qui domine le monde - en use à satiété. Certes, la modération est une qualité de l'humain et le corollaire de la pondération, de respect du prochain, toute considération que l'on chercherait en vain à trouver chez des islamistes fanatisés et exaltés ou des rebelles déterminés à se battre et à tuer, avec d'autres inquiétudes que de panser les blessures de l'âme. On s'interroge en conséquence sur l'entendement et la définition que le président américain, Barack Obama, a des «islamistes modérés» (c'est le cas pour le wahhabisme saoudien, qu'il prône en exemple)» et des «rebelles modérés» (notamment ladite «Armée libre syrienne» ALS) qu'il encourage à combattre le régime syrien. D'ailleurs, la presse turque rapportait récemment que la Turquie et les Etats-Unis se sont mis d'accord pour équiper et entraîner (en Turquie) 2000 combattants de l'opposition «modérée» syrienne. Donc, l'hôte de la Maison-Blanche arme et entraîne des rebelles dit «modérés» pour se battre, donc pour tuer et éventuellement prendre le pouvoir par la force. Ce sont aussi ces rebelles dits «modérés» qui vont tuer leurs compatriotes et - possiblement - renverser le pouvoir en place pour installer à Damas - cela pour le cas syrien - une autorité à l'échine plus souple et plus accessible aux desiderata de l'actuelle première puissance mondiale. On comprend parfaitement que les Etats-Unis et d'autres puissances occidentales, soutiennent et aident financièrement, techniquement et militairement des rebelles, voire des islamistes, pour des raisons stratégiques qui n'ont strictement rien à voir avec la modération et l'humain. Cela se conçoit, mais attribuer la qualité de «modéré» à des personnes dont la fonction est d'éliminer tout obstacle à la réalisation de projets et d'objectifs, c'est simplement un outrage à l'éthique. Consulté, le dictionnaire affirme qu'un «modéré» est quelqu'un «éloigné de toute forme d'excès. (il est) Mesuré. Dont les idées politiques sont éloignées de toute forme d'extrémisme». Or, pour quelque raison que ce soit, tuer son prochain, c'est de l'extrémisme. C'est ce que fait ladite «Armée syrienne libre» qui tue les Syriens depuis plus de trois ans. C'est ce que font les jihadistes islamistes en Syrie, financés par les monarchies les plus rétrogrades que le monde connaît. Il est bizarre, qu'il soit possible d'apposer la qualité de «modérées» à des guerres sanglantes, du seul fait que ceux qui les mènent soient du «même bord» que les puissants. Or, désormais, ce ne sont plus les seuls politiques qui mettent en avant cette notion biscornue de «modéré». Ainsi, la reine Rania de Jordanie y est allée de l'antienne du combat que les «modérés» doivent gagner. Elle s'exprimait, mardi, devant le sommet annuel des médias à Abou Dhabi, indiquant: «Le combat de la coalition internationale contre l'EI porte sur l'avenir du Moyen-Orient et de l'islam, c'est un combat que les modérés devront gagner.» Ainsi, l'avenir de l'islam dépendrait de ceux-là qui se démènent pour donner de la religion d'un milliard et demi de musulmans l'image la plus désastreuse. Et l'avenir du Moyen-Orient serait aussi lié à ceux (les Etats-Unis en particulier) qui travaillent à sa destruction et à son morcellement en petits Etats qui se livreront des guerres perpétuelles' Il n'y a pas une once de modération, chez le géant américain qui prône chez les autres la «mesure» quand lui-même estime que la planète entière fait partie de ses intérêts stratégiques, économiques et commerciaux se réservant le droit de frapper là où ces dits intérêts sont en danger. Les groupes jihadistes qui terrorisent le monde au nom de l'islam, ce sont les Etats-Unis (voir l'aveu de l'ancienne chef de la diplomatie US, Hillary Clinton) qui les ont créés dans le but d'abattre les pouvoirs qui font obstacle à leur mainmise sur les colossales sources d'énergie que renferme le monde musulman. Sauf que ces groupes islamistes qui devaient servir les intérêts américains ont - pour certains d'entre eux - échappé au contrôle de leur maître. Un retour de manivelle non programmé, sans doute, mais qui ne doit pas remettre en cause la mise en place de la balkanisation du monde arabo-musulman. C'est celle-là la priorité de ceux qui préconisent la retenue pour les autres, mais usent eux-mêmes de la force pour imposer leur diktat. Le reste, c'est du cinéma!




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