Algérie - Algérie-Allemagne

Mme Katjia Hessel, ministre déléguée bavaroise de l'économie, à propos de Desertec




Mme Katjia Hessel, ministre déléguée bavaroise de l'économie, à propos de Desertec
Plutôt jeune et sans fioritures, la ministre déléguée de l’économie du gouvernement bavarois- en charge des infrastructures, des transports et de la technologie, Mme Kajta Hessel donne un bilan en dents de scie, de ses entrevues à Alger, selon que l’on parle de grands contrats, de Desertec, ou du climat des affaires. Interlocuteur écouté. Le PIB de la Bavière est supérieur de plus de 4 fois à celui de l’Algérie.



Le récent changement de ministre de l’énergie et des mines n’a peut être pas infléchi la position « prudente » de l’Algérie concernant le projet Desertec. Mme Katja Hessel ministre déléguée au ministère de l’économie du gouvernement bavarois en charge des infrastructures, des transports et de la Technologie en a parlé avec le secrétaire général du ministère de l’énergie et des mines, M Abbas Fayçal, durant sa visite à Alger le 15 et le 16 septembre derniers. « Je n’ai pas trouvé que l’intérêt de mon interlocuteur pour Desertec était au même niveau que le potentiel industriel allemand qui est mobilisé derrière ce projet » a-t-elle déclaré lors d’un point de presse tenu à la fin de sa visite, au siège d’AHK Algérie, la chambre algéro-allemande de commerce et d’industrie. « La position de l’Algérie me parait toujours réticente en attente de la position d’autres partenaires du projet ». Mme Katja Hessel qui était déjà à Alger en décembre dernier avait pu constater la position peu enthousiaste du département dirigé alors par M Chakib Khelil vis-à-vis de Desertec, un projet futuriste portée principalement par l’industrie allemande et visant à fournir, à l’horizon 2050, 15% de la consommation électrique de toute l’Europe à partir d’électricité solaire et éolienne produite au Maghreb et au Moyen orient. Mme Hessel n’avait pu rencontrer Youcef Yousfi, ministre de l’énergie et des mines, en déplacement à Montréal pour le congrès mondial du Gaz naturel.

Le programme ferroviaire et l’eau en pôle position

Le Land de Bavière, le plus riche d’Allemagne avec 430 milliards d’euros de PIB en 2009, opère un forcing ostentatoire pour capter de nouveaux contrats d’équipements en Algérie. M Katja Hessel qui s’est fixé la fréquence d’une visite par an en Algérie à la tête, à chaque fois, d’une délégation de chefs d’entreprise, s’est intéressée cette fois, outre l’énergie, aux secteurs du transport, de l’eau, et de l’industrie. L’ambitieux programme du chemin de fer algérien a suscité l’intérêt de PME bavaroises détenant des savoirs faire divers dans la fabrication des poteaux de béton et des mats équipant les voies ferrées, d’autres dans les systèmes de signalisation. En effet, le tissu industriel de la Bavière ne comprend pas seulement des « Global Players » comme BMW, Audi, Siemens, Adidas, ou Puma, mais aussi de très nombreuses PME très actives à l’international. D’ailleurs 530 entreprises bavaroises ont un lien avec l’Algérie et 80 parmi elles ont leurs propres représentations dans le pays. « Les entreprises bavaroises sont actives dans toutes les branches » a précisé Mme Hessel. La gestion de l’eau est toutefois un métier de prédilection côté allemand, Mme Hessel dit s’être informée auprès de M. Abdelmalek Sellal au sujet des projets de réalisation de 24 stations d’épuration des eaux usées et de 19 grands barrages durant les 05 prochaines années. Elle a également évoqué avec ses interlocuteurs algériens, « les entraves que connaissaient certains projets existants » sur lesquels étaient engagées des entreprises bavaroises. Il n’a pas été, en revanche, question du contentieux de Siemens avec l’Entreprise du Métro d’Alger (EMA), à la source de plus de 12 mois de retard sur la date de livraison de la ligne numéro une, « C’est Siemens France qui est engagé sur ce contrat » a précisé la ministre déléguée bavaroise.

Linde OK, climat des affaires vers le négatif


Quelques semaines après l’avènement de la loi de finances complémentaire (LFC) pour 2010, le thème du climat des affaires en Algérie ne pouvait pas être évité durant la visite de la délégation allemande. « La nouvelle loi n’a pas amélioré le cadre institutionnel des investissements, c’est une problématique que je compte évoquer surtout avec le ministre de l’industrie qui est plus responsable de ce volet » a déclaré Mme Hessel, ajoutant que « connaissant la mentalité plutôt rigide des chefs d’entreprises allemands qui aiment bien évoluer dans un cadre juridique stable, il faut s’attendre à un impact négatif » des dernières dispositions de 2009 et de 2010, rendant plus contraint l’investissement étranger en Algérie. Ancienne illustration de la difficulté à développer des projets en Algérie, l’affaire Linde a bien connu un épilogue « tranquille ». Le géant mondial des gaz industriels qui est aussi le premier investisseur direct allemand en Algérie avec plus de 200 millions d’euros engagés dans le pays avait été ouvertement critiqué, durant l’été 2009, par les autorités algériennes pour, selon elles, avoir donné la priorité aux exportations et provoqué des pénuries notamment de gaz utilisés en milieu hospitalier. La menace était même pendante, de la bouche du premier ministre Ahmed Ouyahia, d’une renationalisation de l’ancienne Air Liquide Algérie. « C’est un très grand malentendu, a précisé la directrice générale de Linde en Algérie. La quote part des exportations est de 2%. Linde tient à remplir ses obligations. Nous suivons strictement les termes du contrat. Linde réalise d’ailleurs en ce moment à Alger-est une usine de séparation de 20 millions d’euros. » Les perspectives de nouveaux investissements d’entreprises bavaroises en Algérie ne sont pas évidentes. Aucun projet n’a vu le jour depuis la dernière visite de Mme Hessel en décembre dernier en Algérie. Le commerce entre la Bavière et l’Algérie a connu lui un trou d’air en 2009 du fait de la baisse en valeur des exportations algériennes de pétrole, et des commandes algériennes en voitures, machines et produits électrotechniques. La Bavière a tout de même exporté pour 209,8 millions d’euros en 2009 vers l’Algérie, 23,5% de moins qu’en 2008.


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