Algérie

Mme Fatima Ferhani (Inspectrice de français), Installer la compétence discursive




Cette inspectrice de français a longtemps sillonné le pays pour porter la bonne parole aux enseignants qu’elle a eu à conseiller. Son profil et sa longue expérience du terrain la prédestinaient naturellement à l’inspectorat. Chose rare par les temps qui courent, Mme F. Ferhani a eu le privilège d’avoir exercé dans tous les cycles de l’enseignement. Institutrice, elle a engrangé dans sa besace les nobles servitudes du métier. C’est là qu’elle a affiné ses armes de praticienne avant de connaître d’autres joies, différentes celles-là. Après une formation universitaire, elle a complété ses compétences professionnelles au collège et au lycée. Et ce qui ne gâte rien, elle jouit d’une excellente maîtrise de la langue arabe.

Pourquoi une didactique de l’oral en FLE (français langue étrangère) ?

Elle est absolument nécessaire dans la mesure où de nombreux enseignants, quels que soient leurs cycles, appréhendent encore l’oral de manière contrastive en le référant à l’écrit. Aux critères spécifiques à l’oral (immédiateté, irréversibilité du processus, possibilité de reprise et de réajustement), à la présence de référents situationnels communs et au recours à des éléments non verbaux, ils opposent les caractéristiques de l’écrit : communication différée, possibilité de relecture, transcodage linguistique, nécessité de fournir par anticipation des explications suffisantes au lecteur, etc. S’y ajoute la dichotomie erronée : registres courant et soutenu pour l’écrit, familier pour l’oral. Les recherches en didactique du FLE ont permis de dépasser le clivage oral/écrit et de faire de l’oral un objet d’apprentissage à part entière, visant d’une part la réalisation d’actes de parole (saluer, se présenter, parler de soi…), et, d’autre part, la maîtrise des types de discours (narratif, descriptif, explicatif, argumentatif). Dans une approche communicative, telle que préconisée par nos programmes, la finalité de l’apprentissage de l’oral en FLE est double : comprendre tout message émis oralement dans cette langue et produire des messages oraux compréhensibles pour le destinataire. Pour comprendre une langue en emploi, l’apprenant doit identifier la fonction de communication des phrases qu’il entend et reconnaître les actes de langage qu’elles servent à accomplir. Pour la parler, il lui faut mettre en jeu, non seulement la réalisation des systèmes phonologique et syntaxique (le verbal), mais également recourir au « para-verbal » (gestes, mimiques, des regards, etc.) Un acte de communication orale s’accomplit dans une interaction où les interlocuteurs sont face à face (échange direct) ou en échange médiatisé (échange téléphonique). Parler signifie donc prendre part à un échange réciproque dans lequel réception et production s’imbriquent étroitement, la compréhension étant indissociable de la production. Toutefois, parler n’est pas synonyme de dire (on peut parler sans rien dire), comme entendre ne l’est pas d’écouter (on peut entendre sans le vouloir). Ecouter et dire sont les deux faces d’une même activité : converser, finalité de l’apprentissage de l’oral en FLE. Les élèves doivent apprendre à prendre conscience de la manière dont la langue est utilisée pour converser dans des situations authentiques de communication. La compétence discursive s’installe progressivement au moyen d’activités ciblées, utilisant les méthodes adéquates. L’oral se pose alors, non pas en tant qu’instrument d’acquisition au service de l’écrit, mais comme objet d’apprentissage avec des objectifs précis, des contenus, des activités, des supports et des procédés d’évaluation particuliers. Il faut insister sur la dimension enseignement /apprentissage de l’oral pour l’oral, qui est différent de l’écrit oralisé (lecture à haute voix, récitation, exposé lu, etc.). L’oral a ses spécificités qui ne sont pas toujours identiques à celles de l’écrit. Le but de l’enseignement du FLE est d’amener les apprenants à parler en français dans des situations authentiques (ou simulées) de communication et non pas à « parler comme un livre ».

Quelle doit être la place de l’oral dans la langue d’enseignement ?

La consultation des programmes d’arabe de 4e année primaire et de 4e année moyenne montre que l’oral, en tant qu’outil de communication, est totalement pris en charge avec la définition de compétences à faire maîtriser par les élèves, allant de « écouter et comprendre » à « prendre la parole dans un débat », en passant par « exprimer ses idées » et « demander / donner des informations ». Ces compétences sont démultipliées en objectifs d’apprentissage constituant une progression logique. Il faut noter que l’arabe est une langue étudiée pour elle-même mais également en tant qu’outil d’acquisition de savoirs et de savoir-faire relatifs à toutes les autres disciplines enseignées : mathématiques, sciences naturelles et physiques, éducation religieuse et civique, histoire, géographie, philosophie, etc. Ce qui diffère entre l’arabe et le français en ce qui concerne l’oral, c’est sa place dans la construction des apprentissages, c’est-à-dire le moment où il (l’oral) intervient dans la séquence. En arabe, l’expression orale intervient toujours après l’activité de lecture qui lui sert d’appui, notamment pour y puiser des mots et expressions (cf. Programme de 4e AP, page 26, paragraphe 2.7 et Programme de 4e AM, page 27, paragraphe 2). Il sert également de préparation à l’expression écrite. En français, c’est toujours par des activités d’oral qu’on entame chaque séquence, et les supports sonores sont en principe indispensables. La programmation de l’activité d’oral au début de la séquence garantit la spontanéité qui le caractérise, mais il faut reconnaître que dans l’apprentissage d’une langue, parler, lire et écrire sont indissociables, et qu’on les fragmente uniquement à des fins pédagogiques.


besoin d idées
hadje merabet hadjira - etudiante - sidi bel abbes, Algérie

30/04/2011 - 14187

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