Algérie - Revue de Presse


« Arafat, un faux prétexte » Analystes politiques, éditorialistes, correspondants de presse sont unanimes pour estimer que Sharon doit revoir sa stratégie quant à la conclusion du processus de paix et que le chef de l?Autorité palestinienne Yasser Arafat, que le Premier ministre israélien présentait comme un obstacle, n?était qu?un « alibi » et « un faux prétexte ». Cet « alibi » est aussi caduc pour l?Administration Bush. « Une nouvelle direction palestinienne serait-elle en mesure de reprendre le processus de paix ? » Cette question a été posée par Yahoo à deux spécialistes du Moyen-Orient. Mikaël Barah, chercheur sur le Moyen-Orient à l?Iris estime que « c?est chez les Israéliens que se trouve la réponse à cette question. Sharon a certes fait croire que Arafat posait le problème fondamental pour la tenue de négociations israélo-palestiniennes, et que c?était la raison pour laquelle il avait décidé de procéder à un « désengagement »? unilatéral de la bande de Ghaza. Cependant, la position israélienne reste la même : tout partenaire palestinien qui ne renoncerait pas au droit au retour des réfugiés palestiniens et à Jérusalem-Est reste peu susceptible de pouvoir se gagner les faveurs des Israéliens. Dans ce sens, quelle que soit la forme que prendra la succession d?Arafat, seul Israël décrétera si son nouveau partenaire lui convient ou non. Arafat était un faux prétexte pour Tel-Aviv, rien de plus. » Pour sa part, Antoine Basbous, directeur de l?Observatoire des pays arabes, considère que « la reprise du processus de paix dépend de plusieurs conditions : l?émergence d?un nouveau leadership palestinien légitime et crédible ; la bonne foi d?Israël qui devrait arrêter la colonisation des territoires palestiniens et la relance de l?intérêt américain pour un processus de paix aboutissant à la création de deux Etats israélien et palestinien. L?alibi que représentait Arafat comme obstacle à la paix tombera le jour de sa disparition. Sharon et Bush devraient reprendre les pourparlers avec les futurs représentants du peuple palestinien. » Dans une dépêche de Jérusalem, l?AFP relève qu?« Israël va perdre un ennemi bien commode en la personne de Arafat, présenté comme le principal obstacle à une reprise du processus de paix gelé depuis le déclenchement de l?Intifadha en septembre 2000 et au dialogue avec les Palestiniens. »... « Une disparition d?Arafat va, de fait, placer Israël au pied du mur, face à une direction palestinienne plus pragmatique et dont personne ne remettrait en cause la légitimité », ajoute l?AFP... « Ce sera en effet plus difficile de résister aux pressions internationales pour renouer le dialogue avec les héritiers de Arafat, que ce soit Ahmad Qoreï ou Mahmoud Abbas », estime le chercheur israélien Menachem Klein. Mais, selon lui, la position d?Israël ne devrait pas changer sur le fond et il va s?avérer « que le refus de négocier avec une autorité dirigée par Arafat n?était qu?un prétexte pour masquer le refus d?Israël de faire les concessions en Cisjordanie pour parvenir à un accord ». Dans article portant le titre « Les règles du jeu sont bouleversées pour Sharon », le Figaro relevait hier que « la disparition de Arafat va bouleverser les règles du jeu que Sharon voulait imposer. Jusqu?à présent, les choses étaient simples : le Premier ministre israélien boycottait son vieil ennemi accusé d?être impliqué « jusqu?au cou dans le terrorisme ». Le plan de retrait israélien de la bande de Ghaza du Premier ministre prévu l?an prochain a ainsi été mis au point sans que les Palestiniens aient le moindre mot à dire. Avec l?arrivée probable au pouvoir de Mahmoud Abbas, Sharon pourra difficilement maintenir ce cap. » Dans un autre article intitulé « Le président américain a une occasion unique de se réinvestir au Proche-Orient. Geroge Bush perd un alibi », le Figaro relève que « depuis quatre ans, George W. Bush n?a pris aucun risque sur le dossier israélo-palestinien. La conjonction de sa réélection et de la sortie de scène de Yasser Arafat lui offre une occasion incomparable de s?engager activement pour la paix au Proche-Orient, ce dont il pourrait tirer profit dans tout le monde arabe, jusqu?en Irak. »... Et de considérer que « l?alibi Arafat disparu, George W. Bush va-t-il renouer avec une diplomatie active au Proche-Orient presque constante depuis Jimmy Carter ? » Dans l?éditorial intitulé « Un Palestinien » de son édition datée du 6 novembre Le Monde souligne que « Yasser Arafat, dit encore Abou Ammar, fut, d?abord, l?homme qui sut coaliser sur son nom un peuple effacé de la carte. Effacé physiquement de sa terre, d?abord par l?exil de sa population en 1948. Politiquement aussi, par la non-reconnaissance nationale dont il fit longtemps l?objet »... « ... Fut-il, en juillet 2000, incapable de se muer en homme d?Etat, d?accepter un compromis historique douloureux mais inéluctable avec Israël, comme l?affirment ses dirigeants et le président Clinton ? Ou bien, au contraire, sut-il répondre aux attentes de son peuple, refuser, au risque de se voir une fois de plus rejeté par plus fort que lui, un ??accord?? qui n?accordait aux siens qu?une indépendance factice, loin de cet Etat ??viable?? qui seul peut garantir la paix future ? L?histoire, si sanglante, de la région, jugera. C comme elle jugera la capacité des Palestiniens, des Israéliens et de la communauté internationale à surmonter son absence », relève encore Le Monde. Pour sa part, l?éditorialiste du quotidien Libération écrivait hier que « les successeurs de Arafat recevront un pays en ruine avant même d?avoir été construit et aussi incapable de mener une guerre que de faire la paix. Parce qu?il pensait incarner tous les Palestiniens, Arafat n?a pas voulu, ou pas pu, choisir. Ses successeurs n?auront ni son aura ni la même excuse pour l?immobilisme auquel il était réduit. »



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