Algérie - Revue de Presse

Mésentente algéro-espagnole sur le projet Medgaz


Inquiétudes sur la sécurité énergétique de l?Europe Le projet du Medgaz, qui devait sceller une entente parfaite entre l?Espagne et l?Algérie dans le domaine énergétique notamment, est devenu depuis quelques mois un sujet de discorde qui menace la sérénité des relations entre les deux pays et contrarie sérieusement l?alternative d?un approvisionnement de l?Europe en gaz à partir de l?Algérie. Les contraintes que tente d?imposer la commission nationale espagnole de l?énergie à la partie algérienne, selon ce qu?a dénoncé à plusieurs reprises M. Chakib Khelil, ministre de l?Energie et des Mines, prennent des allures de " pressions détournées " sur le gouvernement algérien pour l?amener à retirer sa demande concernant l?augmentation du prix du gaz vendu à l?Espagne. Aux négociations gelées entre Sonatrach et la société espagnole Gas Natural sur une augmentation du prix du gaz algérien commercialisé en Espagne, de 20 %, s?ajoutent ainsi les différends sur la commercialisation du gaz à travers le Medgaz. L?Algérie, qui pourrait perdre environ 300 millions de dollars par an si elle n?arrive pas à avoir gain de cause dans ces négociations avec l?Espagne sur le prix du gaz vendu sur le marché espagnol, réclame depuis deux ans un prix qui soit conforme aux cours appliqués actuellement sur le marché mondial. L?augmentation qui équivaut à l?ajout d?un dollar tous les 27 mètres cubes n?a pas encore été satisfaite par la partie espagnole, ce qui pousse l?Algérie à menacer de recourir à la justice internationale pour avoir gain de cause. Le gouvernement algérien refuse par ailleurs catégoriquement de se faire dicter des décisions unilatérales prises par la commission espagnole de l?énergie concernant le contrat relatif au Medgaz. Il est à rappeler concernant ce projet, qu?en 2006 suite au retrait des sociétés Total et British Petroleum qui détenaient respectivement dans la configuration initiale du contrat 12% des parts, Sonatrach a pu exercer le droit de préemption en rachetant les parts des associés français et britannique qui se sont retirés. Conditions espagnoles et menaces Algériennes Détenant 36% du projet, Sonatrach était en mesure d?exercer un droit de vote à hauteur de sa participation dans le projet, et de commercialiser quelque 3 milliards de m3 annuellement à travers le Medgaz. Pourtant la commission espagnole qui avait accepté le rachat des actions par Sonatrach a assorti son accord de conditions assimilées par Sonatrach à des contraintes inadmissibles. La commission espagnole de l?énergie a ainsi décidé de n?accorder à Sonatrach qu?un quota de gaz d?un milliard de mètres cubes de gaz, sans aucun rapport avec ses parts dans la société et son effort d?investissement. Elle a par ailleurs imposé à la compagnie algérienne d?assurer 80% de la capacité d?évacuation du gazoduc. Une décision impossible à respecter puisque Sonatrach n?a le droit de commercialiser qu?un milliard de mètres cubes au lieu des 3 milliards que devrait lui permettre sa majorité dans la société. Les Espagnols veulent faire en sorte également, selon les déclarations de Chakib Khelil, "que l?Algérie ne puisse s?opposer à la construction d?un autre gazoduc ou au transport de gaz autre qu?algérien par le biais du Medgaz. Des conditions contradictoires qui irritent aujourd?hui Chakib Khelil et qui lui font dire que le projet ambitieux du Medgaz devient non rentable pour l?Algérie qui préférerait plutôt vendre son gaz liquéfié à d?autres clients en dehors de l?Europe. Ces turbulences sur le front du GNL ne se laissaient aucunement deviner lors de la finalisation des termes du protocole d?accord signé en août 2000, entre CEPSA et Sonatrach, et la création en février 2001 de la "Société pour l?étude et la promotion du gazoduc Algérie-Europe vía l?Espagne" Medgaz. En ce temps-là, tout allait parfaitement bien et les horizons étaient dégagés de toute brume sur le tracé du gazoduc qui doit traverser la Méditerranée pour relier Hassi R?mel à Alméria en Espagne en passant par Beni Saf. Les désaccords actuels entre l?Espagne et l?Algérie qui risquent de remettre en cause le projet Medgaz lui-même, ne sont pas pour arranger les affaires des pays européens trop dépendants de l?approvisionnement à partir de Russie et soucieux de diversifier leurs sources d?approvisionnement pour assurer leur sécurité énergétique. La commission européenne qui avait classé en 2003 l?ambitieux projet du Medgaz comme "projet d?intérêt prioritaire des réseaux transeuropéens du secteur de l?énergie " aura beaucoup à perdre si le projet du gazoduc est remis en cause suite aux nouvelles exigences de la commission de l?énergie espagnole. Le Medgaz devrait avoir en 2009 date théorique de sa mise en service une capacité de 8 à 10 milliards de m3 par an, extensible à 16 milliards de m3 par an pour pouvoir acheminer, par la suite, le gaz vers le reste de l?Europe.


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