Algérie

«Médecins, soyez humains SVP»



Rappel - Père courage : c'est la dénomination que nous avions donnée, en 2008 au directeur de la colonie, Abdelkader Belhadj, vice-président de l'ANHA, président du bureau de la wilaya de Mascara.
C'était lors de la 1re édition de la colonie de vacances pour hémophiles tenue à Ghazaouet (Tlemcen). Abdelkader Belhadj, père de Mohamed Achraf, un adolescent hémophile âgé aujourd'hui de 17 ans et cadre à la Cnas, s'est depuis toujours occupé de son fils et des hémophiles de sa région. Il a appris à lui injecter le facteur 8 grâce à son association.
Achraf a passé son brevet d'enseignement moyen (BEM),et l'a eu avec succès «le retard par rapport à son âge est dû à sa maladie .Mais je suis heureux pour mon fils». Abdelkader ou ''Kader'' comme on l'appelle est aussi ce comédien et magicien qui a fait rire les enfants et les encadreurs durant toute une soirée dans un salon de thé aux Andalouses.
«Je suis très heureux ici .Je vais bien je ne me sens pas malade» nous dit Mohamed qui à 23h00 passée ,voulait profiter encore des bienfaits de la piscine et de la mer. Kader qui dénombre aujourd'hui 35 cas hémophiles déclarés dans sa wilaya alors qu'ils étaient 32 en 2008, lance un appel aux médecins: «Soyez humains svp et la relation soignant soigné devrait être bonne. Nul n'est à l'abri d'une quelconque maladie.» Il se dit en parallèle fier des efforts de son association qui a réalisé de bons résultats au profit des hémophiles à l'échelle nationale «la situation des hémophiles s'est nettement améliorée au niveau national et à Mascara au point où nous sommes arrivés à l'éducation sanitaire et l'auto traitement .
A Mascara ,80% de nos malades se traitent par eux-mêmes .Nous avons aidé certains malades chômeurs à se caser car les employeurs ont peur de les employer de peur des complications alors qu'ils peuvent fournir les mêmes efforts que les sains ,voire mieux encore». Notre interlocuteur nous a parlé par contre de la contrainte du manque de spécialistes et celle du déplacement des malades vers les seules structures de prise en charge à Sig, Mohammadia et Mascara. Non concerné par la colonie, vu son âge, Mohamed Achraf, le fils de Kader, pour rappel nous avait déclaré en 2008,à l'âge de 13 ans, qu'il regrettait que sa scolarité soit perturbée à cause de sa maladie.
Les infirmiers nous en parlent
Se félicitant du programme national de l'hémophile, établi grâce à son association avec le ministère de la Santé, Chafik Kouache, membre actif de l'association ANHA et infirmier à Alger, nous a parlé de l'inclusion cette année et pour la première fois, de quatre filles colonnes dont une Tunisienne, atteintes de maladies liées à l'hémophile, à savoir la thrombasthénie,le willbant et glanzman. Bien qu'un grand nombre d'hémophiles soient sous le traitement prophylactique, Chafik souhaite la généralisation de l'auto traitement à travers toutes les localités du pays sans aucune exclusion « nous voulons également l'insertion socio professionnelle des hémophiles et arriver à une association Maghrébine». Son collègue infirmier Benyoucef Brazi de Blida ,se félicite de la bonne prise en charge des hémophiles à Blida où ils ont leurs traitement à domicile et sont pris en charge par une équipe pluridisciplinaire, notamment au niveau des services de pédiatrie. Notre Interlocuteur se désole cependant pour les hémophiles devenus handicapés à cause de la mauvaise prise en charge « ils coûtent trop cher pour la santé .Nous voulons réduire ce coût » a-t-il souligné ,donnant l'exemple de ce jeune de Blida hospitalisé pendant 3 mois et qui a bénéficié d'une prothèse totale du genou à Ben Aknoun, coûtant plus de 5 milliards. S'inquiétant par la même occasion de la situation des stomisés ,un troisième collègue de Aïn-Témouchent, infirmier bénévole, nous a informés que sa région compterait 30 hémophiles, pris en charge au niveau d'un seul service d'hématologie de 2 hématologues, à l'Eph Ahmed Medeghri « les malades sont obligés de se déplacer de loin pour leur traitement en l'absence de traitement à domicile» nous a-t-il déclaré, constatant, que la plupart des hémophiles sont originaires d'une seule localité, Hammam Bouhdjar, qui aurait la tradition des mariages consanguins.
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